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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 11:24

Mariag 

On sait qu’à défaut de pouvoir empêcher le mariage entre personnes du même sexe, les opposants au « mariage pour tous », se seraient « à minima » satisfaits  que soit distingué, d’une façon ou d’une autre, le mariage des hétérosexuels et celui des homosexuels. Certains ont  envisagé le concept « d’Union civile » pour tous, ou réservé aux  homosexuels, et ils eurent un réel espoir mais très éphémère,  lorsque François Hollande avait dit que les maires pourraient bénéficier d’une clause de conscience. Mais les mouvements homosexuels rejetèrent fermement toutes ces hypothèses jugées par eux discriminantes. 

 

Demeurait un point important sur lequel le projet montrait une certaine faiblesse, la substitution du mot parent(s) à ceux de père(s) et mère(s). Les opposants au texte constataient que les mots père(s) et mère(s) allaient disparaître du code civil ce qui était particulièrement choquant et que vraisemblablement, seul un numéro pourrait distinguer les deux parents, ce qui l’était encore plus. « Les mots père(s) et mère(s) sont remplacés par les mots parents » prévoyait en effet l’article 4 du  projet initial.

 

Satisfaction vient de leur être donné sur ce point par la commission des lois, qui a décidé de maintenir dans le nouveau texte les père(s) et mère(s) pour les couples de sexes différents  et d’introduire  le mot parent(s), qui qualifiera, pour les couples de même sexe,  la relation juridique avec leurs enfants.

 

Le rapporteur du texte, Erwann Binet (PS) a en effet fait voter dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 janvier, un « amendement-balai » modifiant l'article 4 du projet. Il a ainsi proposé une réécriture de cette disposition qui indique désormais que les dispositions du code civil s'appliquent « aux parents de même sexe lorsqu'elles font référence aux père et mère (…) aux aïeuls de même sexe lorsqu'elles font référence aux aïeul et aïeule (…) ». 

 

Mais il n’est pas sûr que les couples de même sexe s’en satisfassent. Le terme parent est beaucoup moins précis que celui de père et mère. Il englobe toute la famille, petits cousins, neveux, alliés, à quelque degré que ce soit. Il ne permet pas de distinguer les deux personnes d’un même couple et on risque d’en revenir, pour les couples homosexuels à la notion de parent 1 et parent 2.

 

Il réintroduit de la sorte, une discrimination entre les deux catégories de mariage. Il y aura le mariage des couples de sexes différents qui auront droit vis-à-vis de leurs enfants à l’appellation de père et mère, et ceux de même sexe qui se contenteront de n’être que des parents. Un enfant d’un couple de personnes de même sexe, pourra avoir un père et une mère naturels et distinctement, des parents, au sens du code civil. Si l’un des deux parents est son père naturel ou sa mère naturelle, l’autre sera son parent. Il aura donc par exemple, en cas d’adoption par le conjoint, un père et un parent. En cas de PMA, situation que ne prévoit pas la loi actuelle, mais qui existe dans les faits, l’enfant aura une mère et deux parents.

 

La seule solution aurait été, pour que l’égalité soit parfaite, qu’il soit décidé que le terme père ou mère désigne chez les couples homosexuels indistinctement l’un des deux parents selon le choix qui aurait été décidé d’un commun accord. On aurait gommé ainsi toute référence à la filiation, les mots père et mère n’aurait d’utilité que pour distinguer les deux parents. On comprend que cela n’est pas possible.

 

Mais on comprend aussi que l’abandon pour tous les couples, des mots parents et même parent 1 et parent 2, crée à nouveau une stigmatisation pour les couples homosexuels. Car il va s’en suivre alors nécessairement et ce sera le rôle de la jurisprudence, deux types de mariages, avec deux statuts différents, celui concernant le mariage qui unit un couple qui a vocation à être père et mère et celui qui a vocation à être « parents de même sexes ».

 

La commission, l’air de rien, a modifié substantiellement le projet initial en créant deux types de mariage, ce qui ne peut que satisfaire, (relativement) les couples de sexes différents et déplaire aux couples de même sexe qui souhaitaient une complète égalité.      

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 10:46

 

On a évacué un peu vite, la non-participation de Marine Le Pen à la manifestation du 13 janvier. On s’est contenté de l’explication donnée par l’hebdomadaire Minute, selon lequel son abstention résulterait de l’existence d’un lobby gay au sein du Front National.

 

Le fait que cette information ait été reprise sans sourciller par nombre d’observateurs est assez significatif de l’évolution de l’image de ce mouvement. Qui aurait pu soutenir, il n’y a pas si longtemps encore, sans susciter l’incrédulité, que le Front National que l’on présentait comme étant un parti dominé par des militants aux crânes rasés, guerriers et virils, était en réalité influencé par des gens de la communauté gay, connus pour leur tolérance et leur  ouverture d’esprit ?

 

Mais l’assertion de Minute, bien que peu crédible, n’est certainement pas pour déplaire à Marine Le Pen, qui cherche depuis son accession à la présidence du parti, à banaliser son mouvement.

 

On peut penser que c’est  en raison de cette stratégie qu’elle a décidé, avant même que ne soit connue cette information, de ne pas participer à la manifestation du 13 janvier. Le mariage gay est un des marqueurs les plus forts qui puissent exister actuellement entre la droite et la gauche. Elle sait, en restant en retrait  sur un sujet aussi symbolique, qu’elle  atténuera l’idée que l’on a de son mouvement, celle  d’une droite dure, intolérante et intégriste. C’est d’ailleurs toujours dans le même ordre d’idée que le lendemain de la manifestation, c’est Bruno Gollnisch, tenant de la ligne dure du parti, qui a eu le soin de le représenter, lors de l’émission Mots Croisés, sur France 2.

 

Cette stratégie de recentrage du parti est quasi obsessionnelle pour la Présidente du Front National. Elle peut aller jusqu’au baroque. On se rappelle que le 9 novembre, jour anniversaire de la mort du général de Gaulle, Florian Philippot numéro 2 du Front National, transfuge du mouvement de Jean-Pierre Chevènement, s’est rendu à Colombey les deux Eglises pour y déposer une gerbe de fleurs. Et lorsqu’il donne des interviews dans son bureau, le bras droit de Marine Le Pen, se place devant le portrait de « celui qui a bradé l’Algérie Française » et qui est l’homme le plus honni par Jean-Marie Le Pen. Florian Phillipot explique volontiers que le Front National est actuellement plus proche du gaullisme que ne l’est l’UMP, sur des sujets aussi essentiels que l’Europe et la souveraineté nationale. C’est d’ailleurs Florian Philippot qui le 11 janvier se chargea d’approuver l’action du gouvernement français au Mali.

 

A titre anecdotique enfin, ce 14 janvier, Eric Zemmour qui interviewait Marine Le Pen sur Paris-Première dans l’émission « Zemmour-Naulleau », lui faisait observer que  certains aspects de sa politique étaient empruntés à la doctrine marxiste. Ce qui aurait fait hurler de rire Jean-Marie Le Pen la laissa de marbre... 

 

La manifestation du 13 janvier s’est située pour Marine Le Pen, dans la logique de son combat  pour la conquête de la légitimité républicaine, bien plus important à ses yeux que la question de fond relative au mariage pour tous.

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 14:44

Le 14 janvier est le jour du 2e anniversaire de la Révolution tunisienne. Je ne suis pas (trop) inquiet sur l’avenir du pays. La Tunisie dispose d’un certain nombre de structures sociales et institutionnelles, qui ont survécu au pouvoir autoritaire qui datait du lendemain de l’indépendance, et qui se sont perpétuées pendant plus d’un demi-siècle.

 

Je ne suis pas trop pessimiste, parce que la Tunisie c’est par-dessus tout, un peuple fier, qui a combattu vaillamment pour son indépendance et qui fait savoir depuis deux ans, qu’il n’acceptera plus l’humiliation de la tutelle, qu’on lui avait imposée comme une évidence.

La Tunisie dispose aussi d’un syndicalisme particulièrement bien structuré et puissant avec  L'Union générale tunisienne du travail (UGTT). C’est la principale centrale syndicale de Tunisie avec 750 000 adhérents. Elle a été fondée le 20 janvier 1946 par Farhat Hached, assassiné le 5 décembre 1952, très vraisemblablement par des extrémistes de la main rouge, organisation armée favorable à la présence des français en Tunisie. Les qualités exceptionnelles de l’homme, son charisme et sa disparition tragique en véritable martyr de la Tunisie, a donné à l’UGTT le grand homme qui fait les grands mouvements. Chaque année, et toujours à l’heure actuelle, ses portraits sont brandis dans toutes les manifestations. Même dans les moments les plus difficiles de l’histoire de la Tunisie, L’UGTT a toujours su marquer son autonomie par rapport au pouvoir politique.

La Tunisie possède encore  un tissu associatif très important, concernant en particulier les femmes. Le code du statut personnel, entré en vigueur dès 1956, imposé par le Président Habib Bourguiba six mois après l’indépendance, a contribué à la création de L’Union Nationale de la femme tunisienne (UNFT). Une organisation non gouvernementale qui dès le début de sa création, a consacré son action aux campagnes de sensibilisation à l’intention des femmes à travers tout le pays, pour les amener à prendre conscience de leurs droits, en particulier en ce qui concerne l’accès aux méthodes de contraception et à l’interruption de grossesse, et leur rôle dans le développement économique et social du pays.

 

La Tunisie c’est aussi une armée populaire, qui sait rester discrète, mais qui a su aussi montrer les limites de sa fidélité constitutionnelle au pouvoir politique, en cas de besoin.

 

C’est tout cet ensemble, avec les réseaux sociaux, les moyens de communication et les médias qui se sont multipliés,  qui ont  déjà fait reculer le parti islamiste Ennahda au pouvoir, sur l’instauration de la Charia ou sur la femme complément de l’homme, que l’on voulait introduire dans la constitution. Plus ponctuellement c’est cette pression populaire qui a permis d’obtenir qu’une jeune tunisienne qui, alors qu’elle se trouvait en compagnie de son fiancé, fut violée par des policiers, ne soit pas poursuivie en justice pour un fantasque outrage public à la pudeur et que les violeurs soient mis en prison.     

 

Matériellement, il ne fait pas de doute que les tunisiens vivent aujourd’hui moins bien que du temps de Zine El Abidine Ben Ali. Tous les tunisiens regrettent un taux de croissance donné en exemple, une inflation quasiment nulle, une industrie qui avec une main d’œuvre qualifiée et bon marché attirait les entrepreneurs du monde entier, un tourisme florissant et par-dessus-tout la sécurité. La sécurité, ce que les tunisiens regrettent le plus. La sécurité qui permettait en Tunisie à quiconque de se promener  n’importe où, à n’importe quelle heure, sans risque de se faire détrousser ou  agresser. On en est bien loin aujourd’hui.

 

Mais c’est le prix que les Tunisiens ont voulu payer pour  que leur soient rendu respect et dignité.

 

Des élections doivent avoir lieu en 2013. Soit elles sont libres et sincères, avec  le cas échéant le jeu de l’alternance démocratique et on pourra alors parler de Révolution, soit il vient à l’idée de ceux qui détiennent le pouvoir de le conserver à n’importe quel prix et le pays deviendra vite ingouvernable.

 

Tout le risque est là et il existe. Un parti modéré, centriste dirions nous en France, Nida Tunes (l’appel de la Tunisie), a été créé par l’ancien Premier ministre de transition, Beji Caïd Essebsi. Cet avocat âgé de 86 ans, ancien ministre d’Habib Bourguiba, dont on ne peut pas dire qu’il s’est compromis avec l’ancien président Ben Ali, prend de plus en plus de place dans la vie politique tunisienne, au point que d’aucuns lui prédisent des possibilités sérieuses  de pouvoir jouer un rôle important après les prochaines élections.

 

Pour le contrer, le parti islamiste Ennahda au pouvoir et ses alliés, envisagent d’interdire à tous ceux qui ont « collaboré » avec l’ancien régime, de faire acte de candidature. Cette loi pourrait avoir pour objet en réalité d’écarter nombre de cadres du parti de Béji Caïd Essebsi, qui serait ainsi décimé. Un des articles de la loi dite « d’immunisation de la révolution », en cours de discussion, préconise l’exclusion pour dix ans des ex-responsables du RCD, parti du président déchu. C’est dire qu’à l’exception des islamistes qui étaient en exil ou en prison, ou de certains modérés tel l’actuel président le docteur Moncef Marzouki, réfugié en France, peu de responsables pourraient se présenter aux élections. Chacun sait bien que sous Ben Ali, il n’était pas possible pour quiconque, fonctionnaires, hommes d’affaires, responsables de tous ordres, jusqu’aux chauffeurs de taxis, et débitants de boissons, qui sollicitaient une licence pour pouvoir travailler, de s’exonérer de l’appui du RCD.

 

Le 24 décembre 2012, sur la chaîne de télévision Ettoursia, un cadre d’Ennahda, qui débattait avec le leader de Nida Tunes, Beji caïd Essebsi, se sentant en difficulté a eu cette réparti : « cet homme a perdu la raison, sa place est dans une maison de retraite et il verra ce qui va lui arriver dès que la loi de l’exclusion des RCDistes passera. »

 

Ce serait si cette loi était votée et appliquée, une sorte de « coup d’état parlementaire », qui permettrait aux détenteurs actuels du pouvoir de le conserver.   

 

Les élections générales devaient avoir lieu au dernier trimestre de l’année passée. Elles sont sans cesse repoussées. Elles devraient avoir lieu en 2013, on parle d’octobre. A l’évidence, elles seront déterminantes pour l’avenir de la Tunisie.

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 09:36

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et  publié à sa Une.

Nous allons dans cette affaire de rebondissement en rebondissement, de surprise en surprise. Une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale, vient d’être ouverte ce mardi 8 janvier par le parquet de Paris, qui a estimé, devant la polémique suscitée par cette affaire, qu’il convenait de faire procéder, selon son communiqué,  « aux vérifications relatives à la réalité et au contenu de l’enregistrement ainsi qu’à toutes auditions nécessaires pour parvenir à la manifestation de la vérité. » L’enquête a été confiée à la Division nationale d'investigations fiscales et financières (DNIFF).

On aurait pu penser que Mediapart aurait applaudi à cette mesure qui répond  favorablement à la lettre qu’Edwy Plenel a adressée le 27 décembre, au Procureur de la République de Paris.

Fabrice Arfi, auteur de l’article qui a déclenché l’affaire a pourtant fait des réserves. Il  parle de conflit d’intérêt entre Jérôme Cahuzac et le parquet de Paris, laissant par la même planer une ombre, sur la loyauté de l’enquête.

Il paraît difficile, d’une façon générale,  d’imaginer que des policiers et des magistrats puissent, sur ordre de leur hiérarchie,  éluder des actes à accomplir, ou les exécuter irrégulièrement, pour complaire à l’une ou l’autre des parties.

Et plus encore dans pareille affaire, sous les projecteurs de l’actualité, dans laquelle le moindre manquement serait vite dénoncé, ce qui déclencherait une véritable affaire d’Etat. Jérôme Cahuzac quelles que soient ses qualités, ne pourrait en aucune façon conduire le gouvernement vers une telle absurdité.

Doit-on entendre la réserve émise par Mediapart, comme une précaution prise pour le cas où les conclusions des investigations entreprises  s’avèreraient négatives ? Le journal pourrait alors arguer d’une enquête non objective, incomplète ou insuffisante, pour continuer à laisser planer un doute.

Il y a peu de place pour pareille hypothèse. Maintenant, chacun se trouve mis devant ses responsabilités. Si Jérôme Cahuzac, n’a pas dit la vérité, ce sera à n’en pas douter la descente aux enfers que d’aucuns ont connu avant lui, s’il a dit la vérité, Mediapart verra son crédit gravement entamé, ce qui pour le célèbre journal d’investigations serait la pire des sanctions. 

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 13:50

 

 

Même si sur la fin du débat il a craqué, Jean-Luc Mélenchon a tout fait pour donner de lui une image modérée, faite de conciliation et de mesure. D’entrée de jeu lorsqu’Yves Calvi l’interpelle sur le tweet diffusé avant l’émission, « Tous avec la vraie gauche », il n’a manifestement pas souhaité s’étendre sur le sujet. « Ce n’est pas moi qui était derrière le compte tweeter » « C’est mon community manager »(…) « C’est une bêtise »…

 

Jérôme Cahuzac le remerciera de ne pas « avoir accepté d’être l’arbitre des élégances, sur qui est de gauche et qui ne l’est pas. » Les deux débatteurs se montrant d’accord pour reconnaître qu’ils avaient des racines communes. Tel était donc l’état d’esprit qui les animait en début d’émission. Une sorte de deal tacite, Jérôme Cahuzac allant même jusqu’à ajouter qu’il avait longtemps été accusé de social libéralisme et qu’il était heureux que l’on reconnaisse que ce courant de pensée soit de gauche.       

 

On entra ensuite dans le vif des sujets.  Sur les 75% tout d’abord. Tandis que Jérôme Cahuzac mettait en cause le Conseil d’Etat, à qui il appartenait de vérifier la régularité juridique de la loi,  Jean-Luc Mélenchon attribuera la censure au Conseil Constitutionnel, qui doit se garder de prendre des décisions politiques. S’étant ensuite laissé aller à se montrer impertinent envers le Chef de l’Etat, en lançant : « l’autre a inventé ça [les 75%] sur le coin d’une table », il devait, sur la remarque d’Yves Calvi, « l’autre  c’est le président de la République » rectifier immédiatement, « Oui mais il n’était pas encore Président de la République ».

 

Jérôme Cahuzac affirmera ensuite que « la grande réforme fiscale promise par François Hollande  est faite ». Yves Calvi bondira et s’étonnera de ce qu’elle n’était pas ce qui avait été annoncé, à savoir la fusion CSG/ impôts sur le revenu,   Jean-Luc Mélenchon se contentera de  dire « c’est la grande nouvelle de la soirée ».

 

Il suggèrera seulement  de faire payer aux exilés fiscaux ce qu’ils auraient payé s’ils étaient restés en France d’autant que cette excellente idée avait été aussi celle de Jérôme Cahuzac, alors président de la commission des finances. Jérôme Cahuzac lui opposera que les conventions fiscales ont valeur de traité,  qu’elles s’imposent à la loi.  Jean-Luc Mélenchon se contentera d’un « on est d’accord » et donnera même la règle en latin. « Pacta sunt servanda ». Il  ajoutera timidement qu’il faudrait dénoncer les conventions fiscales, mais ne trouvera rien à rétorquer à Jérôme Cahuzac qui fit valoir qu’il faudrait trop de temps pour envisager de telles procédures.  

 

Jean-Luc Mélenchon se contentera de reprendre de ci de là des formules toutes faites comme « il faut frapper les financiers » ou « il faut une réorganisation générale des impôts » ou encore, « Les riches et les très riches se gavent, ceux qui ont beaucoup doivent payer », formules placées comme des clauses de style, dans une conversation convenue entre gens de bonne compagnie.  

 

De la même façon, sur l’affaire Depardieu, il affirmera : «  Je ne dis pas que vous avez dit ils vont partir [les riches] si on prend telle disposition (…) Mon problème ce n’est pas vous, c’est la droite. », ce qu’il faut « c’est frapper les paradis fiscaux ». Mais ne précisant pas comment il s’y prendrait et refusant de répondre à Yves Calvi celui-ci lui dira qu’il avait du toupet et  Jérôme Cahuzac en profitera pour un petit tacle sans gravité « faute avouée à moitié pardonnée ».

 

Jean-Luc Mélenchon se voulant décidément très conciliant dira dans le cours d’une phrase « Je le dis à Montebourg, tu n’y arriveras pas sans interdire les licenciements boursiers », montrant par la même qu’il discutait avec les membres du gouvernement et même qu’il leur donnait des conseils. Il ajoutait au grès de la discussion, des phrases comme : « Il ne s’agit pas de punir, d’étrangler, de montrer du doigt ».

 

Sur la CSG il reconnaitra, plein d’humilité,  son incompétence « si on m’avait dit que le sujet serait abordé, j’aurais étudié la question ». Autre réplique, toujours à fleuret moucheté, « Mon cher professeur, ce n’est pas dans vos moyens de me fâcher » ce à quoi Jérôme Cahuzac répondra, qu’il n’était pas dans ses intentions de le fâcher et qu’il s’était d’ailleurs promis de ne pas le faire.

 

Sur le remboursement de la dette « Je ne veux pas affoler, je ne veux pas peindre du noir sur du noir ». Il ne parlera plus de ne pas rembourser la dette, mais seulement « de la rembourser quand on pourra ». Les choses allaient ainsi gentiment leur petit train-train.

 

Et puis  Jérôme Cahuzac, durcira alors le ton, sans que l’on sache trop pourquoi : « Je pense que vous êtes sincère, mais je pense aussi que vous trompez votre monde, faire croire que l’on va rembourser la dette comme par magie, c’est se foutre du monde. ».

 

Jean-Luc Mélenchon à son tour parlera  de « hollandréou » pour prédire que la politique du gouvernement conduira la France à la situation que connaît la Grèce ? C’est là que Jérôme Cahuzac lui lança sèchement « Arrêtez de faire le clown ! ». Jean-Luc Mélenchon ne put cette fois-ci se contenir, je ne vous ai jamais traité « de clown ou de corrompu », faisant alors directement allusion à son affaire.

 

Deux politiques fondamentalement différentes qui s’opposaient désormais ouvertement. Les coups se mirent à partir des deux côtés, Jérôme Cahuzac lui lançant en particulier qu’il n’avait jamais rien gagné sur la droite. « Vous êtes incroyablement arrogant ! » répliqua Jean-Luc Mélenchon. Jérôme Cahuzac insistera, «  4 millions de suffrages, cela  ne mérite pas que l’on fasse le clown. » ce qui conduira le leader du Front de gauche à un laconique « vous vous êtes montré comme vous êtes. » Clown, corrompu, le deal de départ était bel et bien rompu.

 

A la fin de l’émission Jean-Luc Mélenchon apostrophera celui qui était tout à coup devenu son adversaire, avec une particulière véhémence : « Vous allez à l’échec, vous avez échoué partout et vous le savez » Jérôme Cahuzac sans prendre la moindre précaution lui asséna que c’était en réalité ce qu’il souhaitait. Jean-Luc Mélenchon n’a pas tenu la distance, il s’est découvert en fin de parcours, il n’a pas résisté aux attaques du ministre du budget.

 

Jean-Luc Mélenchon a certainement voulu donner une image plus responsable de lui. Et puis et surtout se profilent les municipales. Diviser la gauche serait catastrophique pour les communistes qui ne peuvent perdre leurs implantations locales. Ils ont bien dû le lui marteler avant l’émission.

*France 2, lundi 7janvier 2013

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 09:56

 

Projetées sous le feu des médias au printemps 2012, lorsque leurs compagnons entrèrent dans le cycle des primaires à l’élection présidentielle, elles marquèrent les esprits par leur indépendance de comportement, leur personnalité affirmée, et un côté rebelle dont elles firent preuve à maintes occasions.

 

L’une et l’autre étaient convaincues que leur vie personnelle était conciliable avec leur vie professionnelle et elles ne se privèrent pas de le faire savoir. Au bout d’une expérience qui a duré six mois et après avoir mis chacune à plusieurs reprises leur compagnon en danger, elles ont dû se résoudre à admettre qu’elles avaient fait fausse route.

 

Valérie Trierweiller, a reconnu qu’elle avait désormais un « rôle » à assumer (Le Monde des 16 et 17 décembre 2012). Elle a reçu à l’occasion du voyage  en Algérie, en même temps que son compagnon, les honneurs dus à un Chef d’Etat étranger, elle a participé aux réceptions avec un rang protocolaire propre, elle a exécuté un programme réservé aux Premières dames  confiant à cette occasion, aux élèves d’un lycée qu’elle visitait, les difficultés de son renoncement : « C’est perdre un peu de sa liberté et abandonner un peu de ce qui est soi-même.»

 

Mais il lui aurait-été en effet difficile, de retour dans la capitale, de retrouver, comme si rien n’était,  son job à Paris-Match, les vannes des collègues devant la machine à café, le rédac-chef lui rejetant un papier inapproprié, ou pire encore le lui corriger et aller affronter ensuite les interprétations infinies faites après chacun des ses écrits.

 

Eut-elle d’ailleurs exercé une fonction moins exposée, ou aurait-elle eu une rubrique non politique, que d’autres inconvénients seraient apparus. Cécilia Sarkozy et Carla Bruni, en ont eu conscience et en avaient tiré les conséquences, chacune à leur manière

 

Ce problème de l’interférence vie privée vie publique va se poser de la même manière, bien qu’à des degrés moindres, avec tous ceux qui détiennent une parcelle de l’autorité publique. Anne Sinclair et  Béatrice Schönberg, en eurent conscience, elles  prirent les devants en abandonnant leur fonction, lorsque leur mari devint ministre.

 

Audrey Pulvar, a longtemps nié le problème et contrairement à ses consœurs, a tenté de résister mais en vain. Elle  fut écartée de ses activités de journaliste politique sur i télé dès que son compagnon se présenta aux primaires du parti socialiste. Celui-ci nommé ministre, elle ne fit que la saison 2011-2012 avec Laurent Ruquier, dans son émission « on n’est pas couché ». France 2 ne cherchera même pas à la recaser. Chroniqueuse sur le plateau du grand huit elle devait affirmer, à un moment où le Chef du gouvernement traversait quelques turbulences, qu’elle verrait  bien Arnaud Montebourg lui succéder. Tout le monde, droite et gauche confondus furent indignés par cette déclaration, car si en tant que journaliste, son commentaire était banal, en tant que compagne de l’intéressé il était parfaitement déplacé. Elle a quitté fin décembre la direction des Inrockuptibles, six mois après sa nomination, pour des questions budgétaires a-t-on assuré. Au mois de novembre, elle a annoncé s’être séparée d’Arnaud Montebourg, mettant  elle aussi un terme, à son impossible défi.

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 08:53

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et a été publié à sa Une.

Le 30 décembre, une information surprenante, passée inaperçue, a été publiée sur le site web de l'Express.fr. Edwy Plenel, directeur de Mediapart, a écrit au Procureur de la République de Paris le 27 de ce même mois, pour lui demander de faire diligenter une enquête, au sujet de l'affaire Jérôme Cahuzac. 

Insolite requête, par laquelle le célèbre journal en ligne, sollicite de l'autorité judiciaire, qu'elle veuille bien le suppléer dans sa recherche de preuves, aux fins d'établir que le ministre du budget a possédé il y a plusieurs années, un compte dans une banque Suisse. 

On sait que pour publier cette information, Mediapart s'était fondé sur une conversation téléphonique, dont Michel Gonelle, adversaire politique de Jérôme Cahuzac à la mairie de Villeneuve sur Lot, affirme qu'elle s'était trouvée enregistrée sur sa messagerie, à la suite d'une erreur commise par Jérôme Cahuzac lui-même, dans la manipulation de son portable, alors qu'il cherchait à le joindre... 

On devait aussi apprendre que Jean-Louis Bruguières, candidat contre Jérôme Cahuzac, aux législatives de 2007, avait été à cette époque destinataire d'une copie de l'enregistrement et qu'un agent du fisc, aujourd'hui à la retraite, dont Michel Gonelle se trouve être l'avocat, avait fait état dudit enregistrement dans un rapport adressé à son administration en 2008.  

Depuis lors, le juge et l'avocat s'accusent mutuellement de la remise du document sonore à Mediapart, quant à l'ancien agent du fisc, il se défend d'avoir possédé à quelque moment que ce soit l'enregistrement. 

Compte tenu de la prudence qu'il convient d'avoir en présence d'une situation aussi complexe et sujette à toutes les manipulations, on peut penser que le comportement téméraire du journal en ligne, qui fonde désormais sa stratégie plus sur une mise en cause " publique et citoyenne ", que sur la recherche préalable de preuves, pourrait s'expliquer par l'évolution d'un journalisme " d'investigation " vers un journalisme de " dénonciation de malversations".  

Ce qui n'est pas sans risque pour l'organe de presse, qui à terme et en cas de défaillances trop nombreuses, verrait mettre en cause sa crédibilité et par la même sa raison d'être. Il lui était donc impératif, plus encore que dans l'hypothèse d'une démarche classique, de reprendre la main, ce qu'il a fait en saisissant le Procureur de la République. 

Edwy Plenel qui a conduit mille combats de cette nature, sait bien qu'il n'y a aucune chance pour que le parquet lance, sur un fondement aussi ténu, une enquête pénale contre un membre du gouvernement. 

Mais il sait aussi que cette absence d'investigation lui bénéficiera, car elle laissera subsister un doute, et dans ce type de " procès ", chacun sait bien que le doute ne profite que rarement à " l'accusé

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 08:42

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et publié à sa Une. 

Les assemblées parlementaires légifèrent selon les engagements que le Président de la République et les élus de la majorité qui les composent, ont pris devant leurs électeurs. L’engouement suscité par une campagne électorale, la volonté de séduire à un moment ou à un autre un électorat politique particulier, conduisent à utiliser certains marqueurs, qui sont autant de promesses qu’il faudra le moment venu traduire en textes législatifs.

Il n’est pas sûr que tout peut toujours être tenu et on sait que quand  on aboutit à une formalisation législative, ce qui est le plus souvent le cas, se posera alors le problème de la constitutionnalité du texte. C’est le rôle du Conseil Constitutionnel qui a vocation à censurer les dispositions législatives non-conformes. « C’est le jeu normal des institutions », selon la formule consacrée.

Mais il est des situations où la sanction constitutionnelle va mettre en lumière des anomalies graves dans le sérieux avec lequel les « administratifs », autrement dit les hauts fonctionnaires qui en sont chargés, élaborent les projets de textes législatifs que les ministres leur ont ordonné de préparer. On a parlé d’amateurisme et il est vrai que si l’on peut dire qu’il y a des censures tout à fait honorables, d’autres le sont beaucoup moins.

La loi Duflot sur le logement social, qui n’avait pas respecté la procédure parlementaire, a été censurée par la Haute juridiction au mois d’octobre. Le projet avait été examiné en séance publique au Sénat sans se fonder sur la version du texte adoptée le matin même en commission. Le simple bon sens, à défaut de la connaissance de la procédure, aurait suffi à épargner une censure peu glorieuse pour la ministre.

La loi sur la taxe de 75% qui vient d’être retoquée ce 29 décembre  relève du même ordre. Le Conseil a fait valoir qu’elle prévoyait que la taxe était "assise sur les revenus de chaque personne physique",  alors que l'impôt sur le revenu est prélevé "par foyer". Il n’est besoin d’être expert en droit fiscal pour connaître une telle disposition.

On se demande comment de telles bévues ont pu passer à travers tous les filtres de la procédure législative.  

Elles affaiblissent le gouvernement. Nous ne sommes pas ici sur des réformes concernant les boissons énergisantes ou la reconduction en Corse des arrêtés Miot qui ont connu le même sort. Il s’agit de textes que l’on a qualifiés « d’emblématiques » de la politique gouvernementale, qui ont suscité polémiques et controversesC et qui ont une portée politique que l’on peut qualifier de majeure, pour ne pas dire d’idéologique. Les causes de telles censures qui font plus penser à un manque d’attention qu’à de l’incompétence, deviennent alors inacceptables.  

Des explications peuvent être recherchées dans les réductions d’effectifs subies ces dernières années au sein de l’administration et des cabinets ministériels qui n’ont pas été logés à meilleure enseigne, d’autant que dans ces derniers, la tendance a plus été d’aller vers le recrutement de conseillers politiques que techniques. Il y a aussi l’afflux de textes parlementaires qui est une constante pour toute nouvelle majorité, et l’exigence qu’ils soient mis en œuvre le plus rapidement possible. Tout ceci a certainement fragilisé la machine  législative qui ne peut continuer à fonctionner ainsi, sauf à prendre le risque de mettre en péril la crédibilité gouvernementale.    

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 19:59

 

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et  publié à sa Une le 24/12/2012 

Depuis le 4 décembre date de son  lancement par Mediapart, l’affaire du compte Suisse du ministre du budget, qui avait fait la une des journaux, tourne en rond. Mais chacun a pu constater, comme ce fut déjà le cas pour de précédentes affaires de même nature, que la campagne de presse s’est poursuivie sur des faits collatéraux ou étrangers à son objet initial. Ce n’est pas fortuit, cela fait partie de la stratégie mise en œuvre par le célèbre journal en ligne.

 

Le mode opératoire de Mediapart, a été exposé dans un article de Cécile Casciano, publié dans l’Express.fr, daté du 7 décembre 2012 : « Il y a d'abord une phase d'enquête (…) puis la publication d'un grand article (…) ensuite, on attend une réaction, celle des mis en cause qui pourra permettre d'affiner certains points (…). De potentielles nouvelles sources pourront elles aussi se manifester et amener de nouvelles informations. »

 

L’idée est de spéculer sur la forte médiatisation qui résulte de la publication d’un article, mettant en cause une personnalité politique très connue. Cela aura pour effet, d’inciter toute personne disposant d’éléments à charge contre elle, de les produire. Tout sera pris en compte, vie privée, vie publique, présente ou passée, sans aucune exclusive. Et insensiblement, la cible ne sera plus le manquement mais la personne.

 

Le combat qui va être engagé contre cette dernière sera d’une grande violence. Elle va subir au quotidien, parfois pendant de longues semaines, des dénonciations et des accusations publiques qui seront, par le jeu médiatique, dupliquées et répétées à l’infini. Le risque que tout cela ne sombre dans ce que l’on pourrait appeler une chasse à l’homme est évident et semble-t-il largement assumé.

 

Si dans l’affaire Cahuzac nous n’en sommes peut-être pas encore là, au moins peut-on dire que tous les ingrédients de ce qui devient pour le ministre une « sale affaire », sont réunis. Un enregistrement téléphonique comme mode de preuve principale, des soupçons de financement irrégulier de l’appartement du ménage, des détectives qui enquêtent sur sa vie privée et sur son patrimoine immobilier, en relation ou non avec un divorce qui tombe au plus mauvais moment, des rumeurs de démission publiées avec le nom de son successeur, la révélation d’une activité de conseil auprès de laboratoires médicaux, laissant présumer un conflit d’intérêts, les allégations d’un inspecteur du fisc en retraite, surnommé Columbo par ses pairs…

 

Jérôme Cahuzac n’a plus d’autre solution que de jouer son va tout. Peut-être même y a-t-il été invité. Mercredi 19 décembre, il a demandé à l’UBS, de lui certifier qu’il n’a pas  ouvert de compte chez eux. Il a ainsi décidé de passer au-dessus de la position de principe de la banque selon laquelle elle n’établit pas de « confirmation négative ». Le lendemain, jeudi 20 décembre, il a également décidé de déposer une nouvelle plainte contre Mediapart, mais cette fois ci avec constitution de partie civile, ce qui en matière de diffamation est plus efficace, au moins quant à ses effets immédiats.

 

Jérôme Cahuzac a perdu beaucoup de temps, avec des actions en demi-teinte, alors que  dans ce type d’affaires, donner du temps, équivaut à donner le bâton pour se faire battre. Il doit en finir au plus vite, dans un sens ou dans l’autre, ne pouvant ignorer que les gouvernements quels qu’ils soient, n’ont jamais assumé ce type d’affaire, au delà d’un délai raisonnable.   

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 07:10

 

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et publié à sa Une le 18/12/2012) 

Il est des sujets qu’il vaut mieux ne pas aborder. Ils sont déplaisants par quelque bout qu’on les prenne. Celui concernant Gérard Depardieu en fait parti. Soit on l’accable et l’on rejoint la cohorte des accusateurs qui ont surgi de toutes parts, ce qui serait facile mais sans grand panache, soit on prend le parti de s’interroger sur son comportement, et aussi par la même sur celui des innombrables artistes, comédiens, hommes d’affaires, sportifs, qui ont pris le chemin de l’exil fiscal, et l’on court très vite le risque d’être accusé de les soutenir.

 

En y allant sur la pointe des pieds, je ne résiste cependant pas à poser une question qui fait grand débat depuis le 10 décembre, date de la diffusion de l’information du départ du comédien français pour la Belgique. Pour quelle(s) raison(s) Gérard Depardieu a-t-il suscité une colère si forte, alors que la plupart des quelques 2000 autres exilés fiscaux qui l’ont précédé dans ce pays, quelle que soit leur notoriété, ont été épargnés, sauf quelques uns qui furent tancés, mais sans commune mesure avec ce qui se passe à l’heure actuelle pour l’interprète sacré du cinéma français.

 

Cette question paraît d’autant plus pertinente, qu’à sa décharge, contrairement à beaucoup d’autres,  qui n’avaient pas attendu tout ce temps après avoir fait fortune, Gérard Depardieu âgé de 64 ans a longtemps « résisté ». Certes, le moment n’est certainement pas très bien choisi, mais est-ce là la seule explication à cette ire si forte et généralisée ?

 

Si Gérard Depardieu est reconnu comme un immense comédien, il n’est pas de ceux qui  suscitent la sympathie. On peut encore noter qu’il a eu lors des dernières présidentielles, un engagement politique qui l’a desservi. D’une façon générale les français, n’aiment pas le mélange des genres, sauf exceptions, surtout lorsque le candidat soutenu a perdu. Mais est-ce suffisant ?     

 

Contrairement à ce que l’on peut penser, les meilleures explications se trouvent souvent à la périphérie. En l’espèce, on peut se demander si au delà du problème fiscal, sa nouvelle domiciliation en Belgique, juste à la frontière, qui plus est dans un ancien poste de douane, n’a pas sonné comme une provocation. Une sorte de bras d’honneur qui serait conforme à une  personnalité sans nuance.

 

Il y aurait là, une certaine cohérence avec l’explication que lui-même a donnée à son départ en Belgique : « J’en avais mare d’être traité de salaud ». Un autre immense comédien parmi ceux qui l’ont soutenu, très très peu nombreux il est vrai, a été dans le même sens. Michel Galabru a dit sur France 5 « Si vous donnez un coup de pied au c…à un chien, il s’en va. »

 

Il n’est pas impossible que les questions d’argent ne soient pas les seules en cause dans cette affaire. Peut-être ne savons-nous plus suffisamment honorer ou soutenir ceux qui comme Gérard Depardieu, artistes, sportifs, chefs d’entreprises, créateurs,  donnent à la France, au-delà de l’aspect matériel des choses, une image qui contribue à sa grandeur. Les temps ne sont pas si lointains où des hommes de toutes conditions considéraient comme un honneur, le fait de donner leur vie pour leur pays, simplement par amour de la patrie. Aujourd’hui il n’est plus question de donner sa vie, pas même son argent, même si l’on en possède beaucoup. Est-ce par égoïsme ou en réaction à un manque de considération dont ces hommes se sentent victimes, voire même d’un ressentiment qui pourrait exister à leur endroit, sans que l’on sache trop pourquoi.   

 

Peut-être faudrait-il alors mieux s’interroger sur les causes de ces départs qui devraient nous attrister au lieu de nous rendre agressifs. Un vent mauvais souffle sur la France. Il est le résultat d’une crise économique plus profonde qu’elle ne paraît. Il ne faudrait pas qu’à cette crise économique succède une crise morale.  

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