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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 08:53

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et a été publié à sa Une.

Le 30 décembre, une information surprenante, passée inaperçue, a été publiée sur le site web de l'Express.fr. Edwy Plenel, directeur de Mediapart, a écrit au Procureur de la République de Paris le 27 de ce même mois, pour lui demander de faire diligenter une enquête, au sujet de l'affaire Jérôme Cahuzac. 

Insolite requête, par laquelle le célèbre journal en ligne, sollicite de l'autorité judiciaire, qu'elle veuille bien le suppléer dans sa recherche de preuves, aux fins d'établir que le ministre du budget a possédé il y a plusieurs années, un compte dans une banque Suisse. 

On sait que pour publier cette information, Mediapart s'était fondé sur une conversation téléphonique, dont Michel Gonelle, adversaire politique de Jérôme Cahuzac à la mairie de Villeneuve sur Lot, affirme qu'elle s'était trouvée enregistrée sur sa messagerie, à la suite d'une erreur commise par Jérôme Cahuzac lui-même, dans la manipulation de son portable, alors qu'il cherchait à le joindre... 

On devait aussi apprendre que Jean-Louis Bruguières, candidat contre Jérôme Cahuzac, aux législatives de 2007, avait été à cette époque destinataire d'une copie de l'enregistrement et qu'un agent du fisc, aujourd'hui à la retraite, dont Michel Gonelle se trouve être l'avocat, avait fait état dudit enregistrement dans un rapport adressé à son administration en 2008.  

Depuis lors, le juge et l'avocat s'accusent mutuellement de la remise du document sonore à Mediapart, quant à l'ancien agent du fisc, il se défend d'avoir possédé à quelque moment que ce soit l'enregistrement. 

Compte tenu de la prudence qu'il convient d'avoir en présence d'une situation aussi complexe et sujette à toutes les manipulations, on peut penser que le comportement téméraire du journal en ligne, qui fonde désormais sa stratégie plus sur une mise en cause " publique et citoyenne ", que sur la recherche préalable de preuves, pourrait s'expliquer par l'évolution d'un journalisme " d'investigation " vers un journalisme de " dénonciation de malversations".  

Ce qui n'est pas sans risque pour l'organe de presse, qui à terme et en cas de défaillances trop nombreuses, verrait mettre en cause sa crédibilité et par la même sa raison d'être. Il lui était donc impératif, plus encore que dans l'hypothèse d'une démarche classique, de reprendre la main, ce qu'il a fait en saisissant le Procureur de la République. 

Edwy Plenel qui a conduit mille combats de cette nature, sait bien qu'il n'y a aucune chance pour que le parquet lance, sur un fondement aussi ténu, une enquête pénale contre un membre du gouvernement. 

Mais il sait aussi que cette absence d'investigation lui bénéficiera, car elle laissera subsister un doute, et dans ce type de " procès ", chacun sait bien que le doute ne profite que rarement à " l'accusé

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