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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 13:32

Un cardinal français, et pas n’importe lequel, est interdit de publication dans l’EXPRESS.fr ! Il s’agit de Philippe BARBARIN, archevêque de Lyon, Primat des Gaules. Il avait pourtant jusqu’alors plutôt bonne réputation dans les médias. Son crime, avoir dit le 14 septembre au cours d’une interview, qu’après avoir ouvert le mariage aux homosexuels, il n’y avait aucune raison qu’un jour on n’évolue pas vers la polygamie et l’inceste. Diable !

 

Ses déclarations paraissent plus émaner d’un mouvement d’humeur que d’une véritable réflexion.

 

Mais au-delà de cette déclaration à l’emporte pièce et toute polémique mise à part, les parlementaires qui vont plancher sur la nouvelle institution, vont se trouver confrontés à un problème de fond qui rend la sortie du cardinal BARBARIN, moins absurde qu’elle ne paraît.

 

Il s’agit de la place de la sexualité dans le nouveau mariage. Le législateur va-t-il écarter l’obligation sexuelle entre  époux et par conséquent son effet sur la validité du mariage et sur la rupture du lien conjugal. L’obligation sexuelle va-t-elle demeurer  une obligation sanctionnée par les tribunaux en cas de carence de l’un des époux. (1)

 

S’agit-il d’un problème si dérisoire ? Fait-on preuve d’homophobie en l’abordant ?

 

Si en effet le législateur supprime l’obligation sexuelle du mariage, ce qui devrait logiquement être le cas, compte tenu de la difficulté d’application qui en résulterait pour les couples homosexuels, on va se trouver en présence d’un mariage, dont la nature juridique sera essentiellement patrimoniale. Le statut personnel qui demeurera applicable, n’écartera l’utilisation de l’institution nouvelle, par des personnes de parenté proche ou même par plusieurs personnes, que pour des questions de principe édicté par la loi. La motivation réelle qui est la sexualité, ayant par hypothèse disparu.

 

Voilà résumé l’objet du litige.

 

Au début du 21e siècle en France, un tel débat peut-il avoir lieu sans invective ni interdit?

 

Il semble que non. Une telle réflexion proposée à l’EXPRESS.fr a conduit son auteur à recevoir  de son Rédacteur en Chef, Monsieur Eric METTOUT un message type libellé comme suit : « Nous considérons que les thèses du cardinal BARBARIN n’ont pas leur place sur l’EXPRESS YOURSELF. »

 

Qu’entend-on par « thèses du cardinal BARBARIN » ? Aucune réponse n’a été donnée, par l’auteur de l’interdit pourtant interrogé.

 

Et ce qu’il y a d’étrange et de préoccupant, c’est qu’en réalité ce ne sont pas seulement les « thèses du cardinal BARBARIN » qui sont exclues de l’EXPRESS, mais tout ce qui peut y ressembler, même si cela n’a rien à voir avec elles.

 

Doit-on en conclure qu’une publication généraliste comme l’EXPRESS, exclut désormais tout ce qui n’est pas conforme à sa ligne politique ou sociétale ?

 

Y a-t-il une ligne EXPRESS pour chaque sujet de société ? Existe-t-il une liste de « thèses » « qui n’ont pas leur place » dans l’EXPRESS YOURSELF ?  

 

Que peut penser de tout cela Christophe BARBIER, le très médiatique Directeur de la rédaction de l’EXPRESS ? (2)

 

Cette péripétie médiatique montre bien qu’au dessus de l’intolérance, il y a l’ignorance, bien plus dommageable et infiniment plus dangereuse. Mais il y a aussi et de plus en plus, l’ambition de petits chefs qui « connaissent manière », toujours prompts à en rajouter une petite couche, à défaut de pouvoir se prévaloir d’un réel talent.

(1) Les rapports sexuels entre époux sont notamment l’expression de l’affection qu’ils se portent mutuellement, tandis qu’ils s’inscrivent dans la continuité des devoirs découlant du mariage. Le divorce de deux époux a été prononcé aux torts exclusifs du mari, qui s’est vu en outre condamné à verser à sa femme 10 000 euros de dommages-intérêts, sur le fondement de l’article 1382 du Code civil, pour absence de relations sexuelles pendant plusieurs années. Cour d’appel d’Aix en Provence, arrêt du 3 mai 2011 (Dalloz-actu-étudiant.fr 13 IX 12)

(2) « Tous les points de vue sont à écouter, pourvu qu’ils respectent les lois de la République » Christophe BARBIER C dans l’air du 20 IX 2012 à propos des caricatures de Charlie Hebdo..

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 19:07

 

Aujourd’hui encore à Amiens, une professeure a été gazée en pleine classe, par un élève dissimulé sous une capuche. Coups de pied, coups de tête, gifles, insultes, jamais les agressions, les incivilités, contre ceux qui ont pour mission d’éduquer, n’ont eu une telle place au quotidien.

 

Prendre des coups, se faire tabasser fait désormais parti du job. Il en est d’ailleurs de même, maigre consolation,  pour les chauffeurs de bus, les pompiers les médecins, les « flics »...

 

Le ministre de l’Education Nationale a réagi. Il a dit que c’était « inacceptable ». Il a créé « un Observatoire » et « une Délégation ministérielle » contre les violences scolaires. Les énièmes organismes qui ont pour mission de faire un énième diagnostic ; un diagnostic connu de tous depuis longtemps.

 

Il est simple. Ceux qui sont devenus, par les aléas de la vie, des sauvageons ou des voyous, n’ont aucune raison de se conduire différemment lorsqu’ils franchissent l’enceinte d’un établissement scolaire.

 

Le problème de fond est un problème d’éducation, qui concerne essentiellement le milieu socio-familial dans lequel ils évoluent et qui dépasse le rôle alloué au ministère « de l’Education Nationale », chargé en réalité de l’instruction publique.

 

Les médias sont intervenus depuis longtemps dans cette éminente mission, directement comme c’est leur rôle, par la présentation de sujets spécifiques et indirectement selon  la ligne qu’ils adoptent pour le traitement de l’actualité.

 

Ils ont  en général offert une éducation standard, la plus noble qui soit, fondée sur la critique et la contestation, jugée idéale pour l’émancipation de l’enfant, conforme à nos valeurs.

 

Mais ce qui peut être positif dans un milieu familial équilibré -développer l’esprit critique- peut se révéler désastreux, dans un milieu déstructuré.

 

Yannick NOHA, personnalité préférée des français depuis de nombreuses années, en se présentant devant une commission parlementaire habillé « à la décontracté » et avec un chapeau sur la tête, va donner à un adolescent en recherche de repères un exemple détestable, lui laissant croire que l’irrespect envers l’autorité est une attitude correcte.

 

Le gentil ZIZOU, sans bien sûr l’avoir voulu,  a certainement  plus contribué à la violence scolaire, que n’importe quelle situation sociale dégradée dans laquelle certains jeunes peuvent se trouver. Par son coup de tête sur un autre joueur, en finale de la coupe du monde de football, il a montré au monde entier, qu’un individu pouvait se faire sa propre morale sur les valeurs de la société dans laquelle il vit et l’imposer à tous en se faisant justice à lui-même. Personne ou presque n’a été choqué et de nombreuses voix se sont élevées pour rendre hommage à cet acte de bravoure. « L’autre avait insulté sa sœur »…

 

Il s’est ainsi créé, sans qu’on l’ait recherché, un état d’esprit « rebelle » de bon aloi. Et on en est arrivé à ce que celui qui conteste son professeur, au nom de valeurs personnelles, a plus de chance d’être entendu que celui qui lui obéit, plus de chance d’être admiré ou craint par les autres élèves, plus de chance d’être soutenu par des parents qui observent une société dans laquelle la transgression de l’autorité domine.

 

Substitution de l’éducation individuelle par des standards pas toujours adaptés, déresponsabilisation des individus au profit d’une responsabilité collective, celle de la société, expliquent pour une large part cette violence scolaire, devenue violence ordinaire.   

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 19:49

Après la prière du vendredi 14 septembre, comme s’ils obéissaient à un mot d’ordre, les fidèles des mosquées se sont dirigés par petits groupes vers l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, située sur les bords du lac de Tunis à quelques kilomètres du centre ville, où ils ont pu commettre les exactions que les journaux télévisés nous ont abondamment décrits.

 

Cheick Rached GHANNOUCHI, leader du mouvement islamiste ENNAHDA actuellement au pouvoir, s’est interrogé « sur les raisons pour lesquelles les forces de l’ordre n’ont pas su maîtriser ce rassemblement prévu depuis plusieurs jours. »

 

Cet aspect des choses qui touche au maintien de l’ordre, n’est pas anodin pour le pays à l’origine du printemps arabe et qui en est la référence. La Police, la garde nationale et l’armée, n’ont pu s’opposer à quelques centaines d’islamistes et empêcher que quelques uns d’entre eux n’escaladent le mur d’enceinte de l’ambassade, qu’il était « techniquement » aisé de protéger compte tenu de la configuration des lieux.

 

Mauvais signal pour la Tunisie. Jusqu’alors il s’agissait d’actes d’insécurité interne, d’atermoiements devant une situation inédite. Il s’agit là pour la première fois d’actes d’hostilité et de violence envers un pays étranger, considéré ami, qui a largement contribué à sa libération. L’image de la Tunisie risque de se trouver durablement atteinte, avec les conséquences économiques qui ne manqueront pas de suivre.

 

La Tunisie s’éloigne un peu plus de son image sereine, libérale, accueillante, sûre.

 

Mais au-delà, ces évènements ont mis en lumière un problème de fond plus préoccupant encore. La Tunisie, après un gouvernement autocrate, va-t-elle s’orienter vers une théocratie,  avec l’émergence d’un mouvement radical, de plus en plus violent et de mieux en mieux organisé. Adoptant le principe de réalité, les islamistes actuellement au pouvoir, font preuve d’une certaine modération. Mais on se demande s’ils pourront longtemps résister à la pression du mouvement salafiste, à moins qu’ils ne l’utilisent à des fins plus politiques, ce qui expliquerait alors la grande tolérance dont ils font preuve à son égard.      

 

Un élu d’ENNAHDA à l’Assemblée Constituante Kamel AMMAR après avoir  dénoncé dans une intervention lors de la séance plénière du 13 septembre 2012, l’offense faite au Prophète, a qualifié l’avènement de l’Islam comme  "la plus grande révolution de toute l’Humanité". Il a appelé à constitutionnaliser l’incrimination d’atteinte au sacré et a invité l’ONU à agir dans ce sens. Evoquant l’attentat qui a coûté la vie à l’ambassadeur américain en Libye, Monsieur AMMAR a indiqué : « C’est une expression de révolte et de colère des peuples touchés par cette œuvre ignoble. Nous ne l’approuvons pas, mais les peuples s’expriment par les moyens qu’ils jugent adéquats pour répondre à ce genre de dépassements gravissimes. »

 

Intervenant sur les ondes d’une radio locale, Express FM, Cheick Rached GHANNOUCHI a dit regretter les violences. Il a affirmé que « les sionistes étaient derrière la production de ce film  et que les partis laïcs [tunisiens] qui s’opposent à l’élaboration d’une loi  protégeant le sacré, ont une part de responsabilités dans ces violences. »

 

Pour sa part Moncef MARZOUKI, président de la République tunisienne, classé au centre gauche,  a prononcé dans la soirée une allocution télévisée dans laquelle il a indiqué que « les Tunisiens doivent faire preuve de vigilance et ne pas tomber dans le piège tendu, aujourd'hui, aux manifestants (…) dès lors qu'il existe parmi eux des forces anti-démocratiques qui s’acharnent depuis des mois à faire pression sur la société et l’Etat »


Il a, assuré que le film islamophobe et offensant le prophète, est un outrage, que son auteur est « un lâche qui n'a pas le courage de dévoiler son identité (…) que son acte est intolérable et ne peut être justifié par l'exercice de la liberté d'opinion et d'expression ».

 

Singulièrement, jeudi 13 septembre 2012, la veille de ces évènements, HUMAN RIGHTS WATCH avait précédé ce débat entre théocrates et démocrates, en adressant une lettre aux membres de l’Assemblée Nationale Constituante, attirant leur attention sur un certain nombre de dispositions de le Constitution en préparation qui « fragilisent les droits humains », notamment « la liberté d’expression, les droits des femmes, le principe de non-discrimination ainsi que la liberté de pensée et de conscience. »

 

Eric GOLDSTEIN, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation non gouvernementale, affirme dans cette lettre que « Si elle est adoptée avec ces articles tels quels, la Constitution amoindrira la liberté d’expression au nom de la protection de valeurs sacrées, elle fournira une base pour grignoter les acquis en termes de droits des femmes dont le pays peut être fier et, à d’autres égards, affaiblira l’engagement de la Tunisie à respecter les traités internationaux sur les droits humains qu’il a signés»,

Si en effet le projet d’article 3 prescrit que « l’Etat garantit la liberté de croyance et de pratique religieuse», on ne trouve pas, dans le projet de Constitution tunisienne, de disposition qui affirme les libertés de pensée et de conscience. Enfin, le projet constitutionnel prévoit que seul un musulman peut devenir président de la République.


La Tunisie est on le voit à la croisée des chemins, saura-t-elle trouver un espace entre les islamistes modérés, tiraillés par des forces fondamentalistes et un centre gauche lui-même tiraillé sur sa droite par le parti Nida Tunes, qui vient d’être créé par l’ancien Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi, que l’on dit issu de l’ancien régime et qui prend de plus en plus d’importance. Peut-être que le pays leader du printemps arabe saura trouver cet espace. L’Egypte et plus encore la Lybie sont loin de cette éventualité. Ce serait, si la Tunisie y parvenait, une deuxième Révolution, à n’en pas douter, bien plus considérable que la première.

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 16:26

 

Ce qui frappe  chez cet ancien leader de SOS Racisme, habitué des joutes politiques les plus vives et connu dans les années 80  pour son hypermédiatisation, c’est sa mesure et sa réserve.

 

Depuis « l’heure de vérité » en 1987, il n’est plus apparu dans une grande émission de télévision, alors que son rang au sein du parti, lui en donnait aisément l’opportunité.

 

Il a su mettre sa forte personnalité sous le boisseau et apparaître comme un militant au service de tous, sans exclusive ni favoritisme. Il en fera la démonstration éclatante, lors de l’intérim qu’il a assuré à l’occasion des élections primaires.

 

Il a su ne  jamais susciter l’envie, le ressentiment ou la colère.

 

Prenant garde de ne froisser aucune susceptibilité, il a même su donner l’impression de se trouver là par hasard, par la force des choses, à raison des circonstances et sans presque l’avoir voulu.

 

Devenu numéro 2 du PS lors du congrès de Reims, après avoir soutenu le très consensuel Bertrand DELANOE, sa montée en puissance dans le parti a fait un peu penser à celle de François HOLLANDE, auquel personne ne pensait ou ne croyait et qui s’est ensuite « naturellement » imposé, aux yeux de tous.

 

Cette stratégie du silence et de la discrétion, alliée à une patience à toute épreuve, en a fait le favori pour occuper le siège de Martine AUBRY.         

 

Cerise sur le gâteau, son look dit de la diversité, donnera au PS ce qu’il attend depuis si longtemps, mettre à un poste majeur de la vie politique, un homme qui caractérise la France du 21e siècle.

 

Après les promotions « métissage culturel » au gouvernement et au parlement, un « petit » OBAMA s’impose à Solférino, comme une évidence.

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 10:45

 

Il les a trouvés l’autre matin au beau milieu d’une pile de courrier, ce qui n’était pas très bon signe, les bons sondages trônent toujours au-dessus.

 

Il y avait là un tableau un seul, bien  propre bien net, avec un  nom, le sien, une seule question, celle de toujours, et en bas à droite un chiffre, un pourcentage imprimé en gras, signe de son importance extrême et de son caractère incontestable.

 

Il s’y attendait un peu, mais pas si tôt.

 

Prêts depuis la veille, plus psychologues que politologues, les conseillers en communication explicitent, justifient, relativisent, affirment qu’il doit parler, que le plus vite sera le mieux, et que les sondages sont d’ailleurs formels sur ce point.

 

Dès  dimanche. Le dimanche est un très bon choix, la dramaturgie aussi a son importance. Dimanche soir  sera parfait.

 

Parler, mais pour dire quoi ? Que peut-il être dit qui n’ait déjà été dit et redit? Rien il est vrai, les annonces on le sait c’est fini, on est désormais passé dans la gestion du temps du quinquennat. Tout va si vite, un an c’est presque là, trois ce sera la campagne, deux ce sera parfait. C’est la bonne mesure.

 

Deux ans pour le redressement du pays, pour réduire la dette, modifier le financement de la protection sociale, réformer le marché du travail et en définitive pour que tout aille mieux. Deux ans face à l’héritage, à la conjoncture et à la crise…Qui peut contester les deux ans ?

 

D’ici là, de nouvelles enquêtes, qui diront s’il doit parler, quand, et quel jour, à quelle heure, et sur quelle chaîne, avec qui et pour dire quoi…Essentielles questions pour d’éternels sondages pour tous les présidents. 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 07:06

 

Sénateur, ministre, député européen, Jean-Luc MELENCHON connaît la musique.

 

Il sait comment fonctionne l’économie d’un pays, il sait que la richesse d’un pays n’est pas une manne qu’il suffit de se répartir, il connaît la relation SMIC /compétitivité des entreprises, il sait que pour pouvoir embaucher il faut pouvoir licencier, il sait que tout créateur d’entreprise a le choix du lieu de sa création, il sait qu’à qualification égale le coût du travail varie de 1 à 10 de par le monde, il sait que l’ouverture des frontières ne résout aucun des problèmes liés à l’immigration, il sait que dans un Etat de droit on ne peut s’accaparer du bien d’autrui, il sait que le blocage des loyers ou/et l’interdiction des expulsions, est plus néfaste que profitable au problème du logement, il sait qu’un impôt confiscatoire fait s’enfuir ceux qui le paient, il sait que la taxation des valeurs mobilières est une chimère, il sait que la nationalisation est  la pire des solutions, il sait que les dépenses ne peuvent indéfiniment être supérieures aux recettes, il sait que l’on doit rembourser lorsque l’on a emprunté, il sait qu’en France,  rien ne peut se faire, qui ne tienne compte de ce qui se passe ailleurs, comme il sait que l’on pourrait poursuivre cette litanie jusqu’à l’infini et qu’il en sera ainsi tant que le monde sera monde et qu’il fonctionnera dans une économie mondialisée de type libéral.

 

Jean-Luc MELENCHON sait tout cela, il le sait parfaitement bien et pourtant  il continue...

 

De préconiser des mesures qui  ne peuvent s’entendre que dans une économie dirigée de type marxiste, dont il ne propose toutefois pas l’avènement, du moins ouvertement.

 

D’affirmer  qu’il suffit de taxer, d’augmenter, de bloquer, de spolier, d’interdire, de confisquer, pour que tout s’arrange.

 

De s’opposer à la politique du gouvernement, avec la verve qu’on lui connaît, tout en invitant à voter tous ses projets.

.  

D’attaquer vivement le président, au point d’être perçu comme son premier opposant, tout en se revendiquant de sa majorité…

           

Lassé, le Premier ministre  l’a renvoyé sèchement à ses vacances chez Hugo CHAVEZ,  lui a rappelé qu’il n’a « même pas pu » se faire élire député et lui a infligé un cinglant « manque de lucidité. »

 

Doux euphémisme, pour ce trublion de la politique, que l’on se dispute dans toutes les émissions de télévision et dont on ne peut plus désormais se passer. C’est peut-être cela l’essentiel, au moins pour lui. Mais ne bascule-t-on pas alors dans l’imposture ?

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 18:05

 

En Tunisie, depuis la Révolution, il n’est pas de jour où dans les rues ou sur les places on ne connaisse pas d’agression publique contre de simples citoyens pour des idées non conformes, des conceptions religieuses ou philosophiques inadéquates, parfois même pour une simple façon de se vêtir, sans compter les mises à sac de cinémas, expositions et autres lieux culturels...

 

Jamel GHARBI, un franco-tunisien en vacances en ce mois d’août dans sa ville de Bizerte, a été victime d’un tabassage en présence de sa femme et de sa fille âgée de 12 ans. Ils ne savaient pas que le débardeur et le short étaient interdits dans la Tunisie nouvelle, à l’exception des sites touristiques, sécurisés il est vrai par l’armée.

 

De nombreux commentaires venus de Tunisie ont cherché à relativiser cette affaire. Pour certains, on a beaucoup plus de chance de se faire agresser dans le métro parisien qu’à Tunis ou à Bizerte et les agressions dont ont été victimes en France des tunisiens, n’ont jamais donné lieu à un tel déferlement médiatique.

 

Sauf que le problème ne se trouve pas dans l’agression au sens strict, dont Jamel GHARBI a été l’objet, toute chose qui peut en effet survenir à quiconque dans n’importe quel pays au monde. Le problème est que cet homme a été agressé parce qu’il était arabe et que selon ses agresseurs, il s’impose à lui comme à ses proches, un certain nombre d’obligations décidées par des particuliers en dehors de toute disposition légale en cours dans le pays.  

 

Plus grave encore, les citoyens tunisiens qui ont assisté à la scène, terrorisés par ce déferlement quotidien de violence, ont omis de porter secours à cet homme, non par indifférence, mais par peur. , « Personne n’a bougé, j’ai été lâché en pâture. »

 

Quant à la police qui traîne comme un boulet les accusations de « police de BEN ALI », elle ne prend aucune initiative dans ce domaine. Prudente, elle attend le feu vert du cabinet du ministre pour la moindre intervention, et ce, même en présence de situations manifestement illégales. En toute hypothèse elle se limitera au strict nécessaire, ayant parfaitement compris que ce sera toujours d’en avoir trop fait, que pas assez, que viendront les ennuis.

 

Il existe désormais en Tunisie un mouvement islamiste qui s’exprime à ciel ouvert par la violence. Cette violence prend plusieurs formes. Impressionner par des agressions verbales mais aussi par la commission d’exactions contre les biens et contre les personnes.

 

Ils utilisent des bâtons et des sabres, jugés suffisants, par les blessures qu’ils occasionnent, pour faire plier les récalcitrants, en même temps qu’ils sont le marqueur de leur idéologie.

 

Il n’apparaît pas que les gouvernants actuels de la Tunisie, les islamistes d’ENNAHDA, aient une position claire vis-à-vis de cette mouvance extrémiste. Ils estiment que la résolution de cette situation se fera avec le temps, par l’éducation et par la progression économique. Le gouvernement met par ailleurs en avant la liberté de manifester et de s’exprimer, pour justifier de ses interventions peu énergiques et le plus souvent tardives contre les intégristes tunisiens. Il reprend là, avec une certaine habileté, toute l’argumentation des pays européens contre la délinquance, argumentation selon laquelle c’est la société, qui est responsable des comportements déviants des individus.   

 

On observe aussi que le pouvoir actuel utilise ces évènements pour justifier d’une campagne lancée contre certains organes de presse écrits ou audiovisuels, accusés de provoquer par leurs propos jugés irresponsables, les réactions violentes des Salafistes.

Ainsi une émission de marionnettes, diffusée depuis un mois sur la télévision ETTOUNISSIYA, satire de la vie politique en Tunisie, a été suspendue et son responsable vient de faire l’objet d’un mandat d’arrêt. Le ministre de la santé a expliqué « ce sont des émissions qui dépassent les bornes du respect, il y avait une campagne dans les mosquées et dans les prêches. » 

Le mouvement ENNAHDA n’a pas encore semble-t-il de position claire sur l’attitude à avoir vis-à-vis des salafistes. Il ne sait pas très bien si son intérêt consiste à les combattre frontalement avec le risque de se couper d’une partie de son électorat ou à les laisser faire, avec celui de procès en connivence dont ils seront alors inévitablement l’objet.

 

En l’absence de stratégie précise, le gouvernement a adopté la politique du chien crevé au fil de l’eau, avec des réactions épisodiques, quelques arrestations, suivies, quelques jours plus tard de remises en liberté.

 

Les tunisiens interviennent encore dans le cadre d’associations ou de mouvements qui organisent des manifestations de rue, les médias sont toujours présents, mais au train où vont les choses, on peut se demander pour combien de temps encore.  

 

Les tunisiens ont peur pour eux-mêmes, pour leurs proches, peur de plus en plus de s’afficher comme étant hostiles au gouvernement et à des mouvements religieux violents qui ne reculent devant rien ni personne. Une simple mise en cause publique et leur vie deviendra vite un enfer.

 

Jamel GHARBI a rejoint son pays de LOIRE, il est peu probable qu’il revienne en Tunisie avant longtemps. Mais lui a le choix de faire autrement, c’est un élu français, il a parlé, il a dénoncé, il est reparti.

 

Pour les tunisiens, ils recherchent avant tout la paix et la tranquillité. Aujourd’hui, comme au temps de BEN ALI, cela passe par ne rien dire, ne rien faire, la peur fondée ou non prenant vite le dessus.  

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 16:15

 

Alors que l’on tenait pour acquis après le 14 janvier 2011 que le couple BEN ALI qui avait régné sur la Tunisie pendant plus de deux décennies s’était dissous dans l’incommensurable infini, Leila BEN ALI a surpris tout son monde en tenant à répliquer à ses détracteurs.

 

Le plus simple n’aurait-il pas été pour elle de laisser le temps faire son œuvre ? D’ici quelques années au plus, tout serait définitivement tombé dans l’oubli de l’histoire de la Tunisie.

 

Leila BEN ALI a refusé la facilité et a eu une exigence de vérité, « sa vérité », avec tous les risques que comporte l’ouverture d’un tel débat. Elle n’a pas voulu partir dans le silence des coupables.

 

Il y a là un défi à la raison, une forme de courage, certains diront d’arrogance, qui ne peut laisser insensible. C’est aussi l’expression d’une fierté, celle du petit peuple de la Médina de Tunis dont elle est issue, le peuple des petits boutiquiers, des familles nombreuses souvent recomposées, avec des filles toujours très belles, qui rêvent du prince charmant, le mariage étant souvent leur seul avenir, leur seule promotion sociale.

 

Lorsqu’elle épousa l’ambitieux BEN ALI et plus encore lorsque celui-ci parvint à la magistrature suprême dans les conditions que l’on sait, Leila BEN ALI deviendra ipso facto la proie rêvée de toute l’intelligentsia tant tunisienne que parisienne. On vit en particulier enfler une singulière rumeur, selon laquelle elle était coiffeuse.

 

On se mit alors à la désigner de la sorte avec le plus profond des mépris,  preuve ainsi faite  « par la condition sociale », qu’il s’agissait d’une usurpatrice qui avait su séduire par mille ruses, celui qui deviendra le Président de la République tunisienne.

 

Avec beaucoup d’autres, le très chevronné journaliste et écrivain Nicolas BEAU en fit ses choux gras. Serge MOATI, homme de gauche et journaliste réputé devait en faire la pierre angulaire de son livre, « Dernières nouvelles de Tunis », véritable pamphlet contre les époux BEN ALI, contre lesquels il n’avait pourtant rien trouvé à redire jusqu’à leur exil en Arabie saoudite.

 

Eprouvant le besoin de me singulariser, ce qui est une sorte d’excuse anticipée, j’ai pris le parti de ne pas accabler à mon tour « la petite coiffeuse devenue Régente ». 

 

Leila BEN ALI revendique avoir échoué au bac par trois fois et n’avoir en tout et pour tout qu’un diplôme de sténo - dactylo. Elle n’a jamais été coiffeuse, aujourd’hui, personne ne le conteste plus.

 

Curieux tout de même que pendant toutes ces années on n’ait jamais fait la moindre recherche sur ce point précis, qui se trouvait être l’angle d’attaque contre un Président à la personnalité à l’évidence falote, puisqu’il s’était laissé séduire par la première petite coiffeuse venue. 

 

Dans « Ma vérité », Leila BEN ALI va  bien sûr se défendre, mais elle ne va pas manquer de faire son autocritique. Elle reconnaît que ses frères, les TRABELSI, ont donné du Régime dirigé par son mari une image détestable et que leur comportement fut certainement la cause principale du discrédit qui finira par l’emporter.

 

Elle dit qu’elle n’a pas eu suffisamment conscience de cette situation et admet avoir été trop faible avec ses frères, sorte d’aveu sur sa connaissance de leurs turpitudes.  

 

Mais elle relativise sa propre responsabilité en en rejetant la part principale sur tous ceux qui les recevaient à bras ouverts, dans les tribunaux, les administrations, partout où s’exerçait le pouvoir, sans même qu’il soit nécessaire que le Président lui-même, directement ou indirectement, demande quoi que ce soit. On cherchait à plaire au souverain en favorisant ses proches, c’est un grand classique.  

 

Les milieux d’affaires se disputaient les TRABELSI, leur influence les aiderait dans leurs projets,  acquérir des marchés, accélérer les formalités, obtenir des passe-droits. 

 

Les collaborateurs du Président, quant à eux, qui n’ignoraient rien de tout ce qui se passait, se gardaient bien d’attirer son attention sur les risques que ses beaux-frères lui faisaient courir. Ils gardaient le silence, c’est le fameux skât qui a toujours servi de règle absolue dans les palais des Beys.

 

Et il ne fait aucun doute que tous ont cherché à complaire aux TRABELSI devenus alors synonymes de corruption et d’injustice. Leila BEN ALI dit avec une grande lucidité : « Nous avons servi de repoussoir et avons fourni les motifs de dénigrement…Nous avons été le talon d’Achille du Président. »  

 

Leila BEN ALI reconnaît que sur ce sujet comme sur d’autres, telle la liberté de la presse, qui aurait pu alerter le Palais sur la gravité du danger, la responsabilité du régime est entière.

 

Mais Leila BEN ALI, porte à son crédit une économie tunisienne dont les instances internationales ont reconnu le formidable essor.       

 

Elle défend encore son dictateur de mari, en mettant à son actif le fait qu’il n’y eut sous son règne qu’une seule exécution capitale pour un criminel qui avait commis des assassinats multiples d’enfants.  BEN ALI avait donné comme instruction aux différents ministres de la justice de ne pas lui présenter les recours en grâce. BEN ALI n’a pas de sang sur les mains, on ne lui impute aucune exécution d’opposant, alors que l’on vient de célébrer le 51e anniversaire de l’assassinat de Salah Ben YOUSSEF pour lequel son prédécesseur a été mis en cause.

 

Au contraire ajoute-t-elle, c’est BEN ALI qui a empêché l’exécution voulue par BOURGUIBA du cheikh Rached GHANNOUCHI, le leader du mouvement islamiste ENNAHDA actuellement au pouvoir et il n’a jamais exercé de poursuite à l’encontre de Moncef MARZOUKI le nouveau  président de la République.

 

Pour Leila BEN ALI, son mari a été victime de son entourage, dont une partie serait actuellement parmi ses plus grands détracteurs et même pour certains des proches du régime. Ses amis, elle les compte aujourd’hui « sur les doigts d’une seule main ». Elle dit préférer toutefois cette situation, à celle qu’elle a connue, faite d’hypocrisie et de perversité de la part de courtisans plus préoccupés par leurs propres ambitions que par l’intérêt public. 

 

L’explication qu’elle donne sur ce fameux 14 janvier 2011,  va encore en ce sens. Son mari n’avait plus aucune prise sur la police ni sur l’armée, le pouvoir lui ayant complètement échappé en quelques instants. Ils se sont retrouvés seuls, tous seuls au pied de l’avion, sans comprendre ce qui venait de se passer.  

 

Dans « Ma vérité » Leila BEN ALI apparaît comme soulagée d’en avoir fini avec tout ça. Un peu comme ce fut le cas pour Habib BOURGUIBA, à qui elle ne manque pas de rendre hommage, et pour qui la destitution fut une délivrance.

 

On ne trouve à l’occasion de ses entretiens aucun ressentiment, juste un peu d’amertume sur la réalité de la nature humaine. Ils étaient en fin de course, une sorte de séparation presque par consentement mutuel, après seulement quelques mises au point voulues par Leila BEN ALI,  qu’elle n’avait pas eu le temps de faire compte tenu de leur départ précipité.      

 

*Livre d’entretiens publié aux éditions du Moment

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 07:24

 

Il a fait parler de lui dans une manifestation de rue à Tunis et afin d’évoquer cette actualité, j’étais à la recherche d’un qualificatif qui puisse définir au mieux la personnalité de l’ancien ministre de la culture de Nicolas SARKOZY.

Le personnage est atypique et la difficulté réelle. Il y a tout à la fois chez Frédéric MITTERRAND, la  fatuité d’un Bernard-Henri LEVY, l’emphase d’un lecteur de prompteur de grandes émissions de télévision et l’opportunisme d’un Jack LANG son illustre prédécesseur.

Réussir à trouver le terme qui pourrait rendre compte de tout cela, nuances comprises, m’est apparu assez peu probable. C’était sans compter sur la richesse de la langue française. Ce matin, alors même que j’avais la tête ailleurs, trissotin m’est venu à l’esprit. Le mot  m’a de suite plu par sa seule sonorité, avant même d’avoir vérifié ce qu’il signifiait très exactement. Il m’a  fait penser à futile, stupide, ridicule, exactement ce que je recherchais. (1)  

Un examen de la question me permit de relever que dans « Les femmes savantes », Trissotin, est un personnage « odieux par son hypocrisie », un intrigant, un pédant, un prétentieux  très imbu de sa propre personne, un tartuffe pourvu d’une extrême habileté, qui  arrive à ses fins jusqu’à plaire. « Tout son art consiste à jeter de la poudre aux yeux, à éblouir les benêts et les snobs. »

Le tableau est sévère et je me suis alors interrogé sur la question de savoir si Frédéric MITTERRAND, au moins dans sa partie tunisienne, est un être aussi abject que le personnage de Molière. Peut-on aller jusqu’à parler d’un être « odieux par son hypocrisie » ?

Frédéric MITTERRAND est celui qui a eu le triste privilège d’être « le seul » à avoir soutenu « jusqu’au bout » le régime de Zinedine BEN ALI, avec lequel il entretenait les meilleures relations. (2) Comme beaucoup, il n’a pas imaginé un seul instant que le régime s’écroulerait en quelques instants. Il a, avec quelques autres, relativisé la dictature, alors même que l’on tirait à balles réelles sur les tunisiens qui se battaient pour leur liberté. Il a été celui qui s’est fait offrir de façon tout à fait singulière, pour services rendus, (3) par le dit BEN ALI, la nationalité tunisienne, un peu comme on se fait offrir un régime de dattes.

Frédéric MITTERRAND ne partage aucune des valeurs essentielles de la Tunisie, son livre publié en 2005, intitulé « La mauvaise vie » dans lequel il parle de la Tunisie et du tourisme sexuel, en est la preuve tangible.

Ses seuls liens avec le  pays se résument en une résidence secondaire à HAMMAMET (4) et  une passion pour  un garçonnet tunisien qu’il a emmené avec lui à Paris pour l’éduquer.

Celui qui par pudeur n’aurait pas dû reparaître avant longtemps en Tunisie, tant l’addition des manquements les plus essentiels envers ce pays sont nombreux, se trouvait pourtant en tête de la manifestation organisée en ce lundi 13 août à Tunis, sur l’Avenue Mohamed V, pour défendre les droits acquis de la femme tunisienne, mis à mal par la Constitution en préparation.

Non content de défiler, il s’est exprimé sur les ondes d’une radio tunisienne SHEMS FM : «Cette manifestation est très belle, il y a beaucoup de monde, je suis de tout cœur avec les dames et les hommes qui manifestent ce soir, la Tunisie a changé, on est en face d’un bâtiment qui est fermé, c’est la preuve qu’elle a changé » (5).

« Mais ARISTE démasque l’hypocrite,  le bel esprit n’est qu’un coureur de dot. »

Leïla TOUBEL, célèbre femme de théâtre, l’a interpellé pendant la manifestation. Elle lui a dit qu’il n'avait pas le droit d'être là : « je n'ai pas oublié ce que vous avez dit pendant la Révolution. » Mais Frédéric Mitterrand ne s’est pas démonté et a répondu avec l’outrecuidance qu’on lui connaît : " oui, mais j'ai dit d'autres choses après".

Après  le départ des BEN ALI il s’était excusé, comme le font tous les trissotins, pour qui les excuses ne coûtent rien, surtout pas à leur conscience, et règlent tant de chose. Faisant preuve d’un incroyable aplomb, il avait précisé que pour lui, soutenir BEN ALI avait été « la meilleure manière de protéger ceux auxquels (il était) attaché et ça représentait tout le peuple tunisien et notamment les opposants, pour ne pas braquer un régime dont (il) connaissait parfaitement l'autorité »

Toute honte bue, Frédéric MITTERRAND a ainsi eu l’audace d’affirmer que ses déclarations en faveur de BEN ALI avaient en réalité pour but de protéger le peuple tunisien contre celui qui régnait d’une main de fer !

En ce 13 août, Frédéric MITTERRAND n’est pas venu à Tunis pour  défendre la femme tunisienne. Il est venu se défendre lui-même, afin de réintégrer la Tunisie nouvelle. Et la meilleure façon d’y parvenir n’est ce pas de passer par l’opposition ? Ensuite, il sera temps de voir, on parle d’élections pour l’automne 2013.

C’est avec ce processus que pour ce qui le concerne, tout redeviendra comme avant. D’ailleurs il n’aura pas eu beaucoup à attendre, des manifestants tous drapeaux brandis, sont ensuite venus se faire photographier avec lui...

La leçon est évidente et toujours actuelle : « Les trissotins ne sont jamais que ce que nous les faisons lorsque, sans esprit critique, nous devenons les propagandistes trop zélés de la mode et du snobisme. ».

Le personnage est bien nommé, et gageons qu’il a encore de beaux jours devant lui, sur une rive comme sur l’autre de la Méditerranée.  

 (1) Le Trissotin est un p(1)(1) Vérification faite, le Trissotin est un personnage mis en scène par Molière dans « Les femmes savantes. » Il est devenu, comme le terme tartuffe, un nom commun, mais il désigne selon l’étymologie un sot plutôt qu'un pédant, ainsi que Molière l'avait présenté.

(2) Selon Leila BEN ALI elle même, dans son livre « Ma vérité » publié aux éditions du Moment, ce que Frédéric MITTERRAND n’a d’ailleurs jamais contesté,

 

(3) Frédéric MITTERRAND a obtenu la nationalité tunisienne pour avoir été commissaire général de la saison tunisienne en France en 1995.

 

(4) L’une des principales stations balnéaires du pays, réputée pour sa plage, ses demeures luxueuses et son festival.

 

(5) Faisant allusion au siège du RCD, le parti de l’ex président BEN ALI

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 09:55

 

Alors que l’on tenait pour acquis après le 14 janvier 2011 que le couple BENALI qui avait régné sur la Tunisie pendant plus de deux décennies s’était dissous dans l’incommensurable infini, Leila BENALI a surpris tout son monde en tenant à répliquer à ses détracteurs.

 

Le plus simple n’aurait-il pas été pour elle de laisser le temps faire son œuvre ? D’ici quelques années au plus, tout serait définitivement tombé dans l’oubli de l’histoire de la Tunisie.

 

Leila BENALI a refusé la facilité et a eu une exigence de vérité, « sa vérité », avec tous les risques que comporte l’ouverture d’un tel débat. Elle n’a pas voulu partir dans le silence des coupables.

 

Il y a là un défi à la raison, une forme de courage, certains diront d’arrogance, qui ne peut laisser insensible. C’est aussi l’expression d’une fierté, celle du petit peuple de la Médina de Tunis dont elle est issue, le peuple des petits boutiquiers, des familles nombreuses souvent recomposées, avec des filles toujours très belles, qui rêvent du prince charmant, le mariage étant souvent leur seul avenir, leur seule promotion sociale.

 

Lorsqu’elle épousa l’ambitieux BEN ALI et plus encore lorsque celui-ci parvint à la magistrature suprême dans les conditions que l’on sait, Leila BENALI deviendra ipso facto la proie rêvée de toute l’intelligentsia tant tunisienne que parisienne. On vit en particulier enfler une singulière rumeur, selon laquelle elle était coiffeuse.

 

On se mit alors à la désigner de la sorte avec le plus profond des mépris,  preuve ainsi faite  « par la condition sociale », qu’il s’agissait d’une usurpatrice qui avait su séduire par mille ruses, celui qui deviendra le Président de la République tunisienne.

 

Avec beaucoup d’autres, le très chevronné journaliste et écrivain Nicolas BEAU en fit ses choux gras. Serge MOATI, homme de gauche et journaliste réputé devait en faire la pierre angulaire de son livre, « Dernières nouvelles de Tunis », véritable pamphlet contre les époux BENALI, contre lesquels il n’avait pourtant rien trouvé à redire jusqu’à leur exil en Arabie saoudite.

 

Eprouvant le besoin de me singulariser, ce qui est une sorte d’excuse anticipée, j’ai pris le parti de ne pas accabler à mon tour « la petite coiffeuse devenue Régente ». 

 

Leila BENALI revendique avoir échoué au bac par trois fois et n’avoir en tout et pour tout qu’un diplôme de sténo - dactylo. Elle n’a jamais été coiffeuse, aujourd’hui, personne ne le conteste plus.

 

Curieux tout de même que pendant toutes ces années on n’ait jamais fait la moindre recherche sur ce point précis, qui se trouvait être l’angle d’attaque contre un Président à la personnalité à l’évidence falote, puisqu’il s’était laissé séduire par la première petite coiffeuse venue. 

 

Dans « Ma vérité », Leila BENALI va  bien sûr se défendre, mais elle ne va pas manquer de faire son autocritique. Elle reconnaît que ses frères, les TRABELSI, ont donné du Régime dirigé par son mari une image détestable et que leur comportement fut certainement la cause principale du discrédit qui finira par l’emporter.

 

Elle dit qu’elle n’a pas eu suffisamment conscience de cette situation et admet avoir été trop faible avec ses frères, sorte d’aveu sur sa connaissance de leurs turpitudes.  

 

Mais elle relativise sa propre responsabilité en en rejetant la part principale sur tous ceux qui les recevaient à bras ouverts, dans les tribunaux, les administrations, partout où s’exerçait le pouvoir, sans même qu’il soit nécessaire que le Président lui-même, directement ou indirectement, demande quoi que ce soit. On cherchait à plaire au souverain en favorisant ses proches, c’est un grand classique.  

 

Les milieux d’affaires se disputaient les TRABELSI, leur influence les aiderait dans leurs projets,  acquérir des marchés, accélérer les formalités, obtenir des passe-droits. 

 

Les collaborateurs du Président, quant à eux, qui n’ignoraient rien de tout ce qui se passait, se gardaient bien d’attirer son attention sur les risques que ses beaux-frères lui faisaient courir. Ils gardaient le silence, c’est le fameux skât qui a toujours servi de règle absolue dans les palais des Beys.

 

Et il ne fait aucun doute que tous ont cherché à complaire aux TRABELSI devenus alors synonymes de corruption et d’injustice. Leila BENALI dit avec une grande lucidité : « Nous avons servi de repoussoir et avons fourni les motifs de dénigrement…Nous avons été le talon d’Achille du Président. »  

 

Leila BENALI reconnaît que sur ce sujet comme sur d’autres, telle la liberté de la presse, qui aurait pu alerter le Palais sur la gravité du danger, la responsabilité du régime est entière.

 

Mais Leila BENALI, porte à son crédit une économie tunisienne dont les instances internationales ont reconnu le formidable essor.       

 

Elle défend encore son dictateur de mari, en mettant à son actif le fait qu’il n’y eut sous son règne qu’une seule exécution capitale pour un criminel qui avait commis des assassinats multiples d’enfants.  BENALI avait donné comme instruction aux différents ministres de la justice de ne pas lui présenter les recours en grâce. BENALI n’a pas de sang sur les mains, on ne lui impute aucune exécution d’opposant, alors que l’on vient de célébrer le 51e anniversaire de l’assassinat de Salah Ben YOUSSEF pour lequel son prédécesseur a été mis en cause.

 

Au contraire ajoute-t-elle, c’est BENALI qui a empêché l’exécution voulue par BOURGUIBA de Mohamed GHANOUCHI, le leader du mouvement islamiste ENNAHDA actuellement au pouvoir et il n’a jamais exercé de poursuite à l’encontre de Moncef MARZOUKI le nouveau  président de la République.

 

Pour Leila BENALI, son mari a été victime de son entourage, dont une partie serait actuellement parmi ses plus grands détracteurs et même pour certains des proches du régime. Ses amis, elle les compte aujourd’hui « sur les doigts d’une seule main ». Elle dit préférer toutefois cette situation, à celle qu’elle a connue, faite d’hypocrisie et de perversité de la part de courtisans plus préoccupés par leurs propres ambitions que par l’intérêt public. 

 

L’explication qu’elle donne sur ce fameux 14 janvier 2011,  va encore en ce sens. Son mari n’avait plus aucune prise sur la police ni sur l’armée, le pouvoir lui ayant complètement échappé en quelques instants. Ils se sont retrouvés seuls, tous seuls au pied de l’avion, sans comprendre ce qui venait de se passer.  

 

Dans « Ma vérité » Leila BENALI apparaît comme soulagée d’en avoir fini avec tout ça. Un peu comme ce fut le cas pour Habib BOURGUIBA, à qui elle ne manque pas de rendre hommage, et pour qui la destitution fut une délivrance.

 

On ne trouve à l’occasion de ses entretiens aucun ressentiment, juste un peu d’amertume sur la réalité de la nature humaine. Ils étaient en fin de course, une sorte de séparation presque par consentement mutuel, après seulement quelques mises au point voulues par Leila BENALI,  qu’elle n’avait pas eu le temps de faire compte tenu de leur départ précipité.      

 

*Livre d’entretiens publié aux éditions du Moment

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