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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 13:41

Tous ceux qui ont regardé la télévision dimanche 22 avril à 20 heures et qui savent faire une addition à deux chiffres ont compris, même s’ils ne sont pas des politologues avertis, que  la seule façon pour Nicolas SARKOZY d’obtenir le renouvellement de son mandat, est  que les électeurs qui ont voté pour Marine LE PEN votent pour lui au second tour de l’élection présidentielle. 

 

Le staff de campagne de Nicolas SARKOZY a fait exactement le même calcul et a donné à ses troupes le mot d’ordre suivant : « Il faut récupérer les voix du Front National ».

 

Si cette analyse est mathématiquement exacte, la conséquence qui en a été tirée est critiquable à de nombreux égards.

 

Sauf s’il s’agit « encore » d’une approximation journalistique, le terme « récupérer », utilisé  pour désigner la stratégie de l’entre-deux-tours du parti majoritaire, est parfaitement inapproprié et même déplacé.

 

En politique, le verbe récupérer a acquis une acception péjorative marquée. Il consiste à « détourner de son sens et à annexer » une action, un mouvement d’opinion, un groupe d’individus ou une personne, cette « récupération » s’opérant à partir de promesses qui d’une façon générale ne sont jamais tenues. C’est le principe même de la récupération, celui qui récupère est en position de force par rapport à celui qui est récupéré, ce dernier caressant l’espoir, sans toutefois trop y croire, de pouvoir bénéficier de quelques concessions. En 2007 on avait utilisé la fameuse formule selon laquelle « Nicolas SARKOZY avait « siphonné » les voix du Front National.

 

C’est la différence avec le « ralliement » par lequel le rallié adhère sans condition au groupe ou au mouvement qu’il va rejoindre, tandis que dans « l’accord » chacune des parties fait des concessions réciproques équilibrées, qui ont une valeur quasi juridique.   

 

Si les ralliements et les accords font parti de la vie politique ordinaire, siphonage et récupération ne fleurent pas très bon la politique au sens noble du terme. Il y a quelque part un sentiment de tromperie, qui étalé au grand jour avec un certain cynisme, dérange.

 

Dès ses premières interventions de l’après-premier-tour, Nicolas SARKOZY a déclaré qu’il comprenait « la souffrance » de tous ces gens, « leur désespoir », « leur colère », une sorte de « je vous ai compris » qu’il a fait suivre de toute la litanie sur  la sécurité,  l’immigration, les frontières et même l’Europe.

 

Nicolas SARKOZY a-t-il été convaincu qu’il fallait faire une place aux six millions et demi d’électeurs de Marine LE PEN et a-t-il décidé pour cela, d’adopter les thèses du Front National ?

 

C’est peu probable, à entendre les principaux responsables de l’UMP qui disent à chacune de leur intervention que Marine LE PEN a une politique raciste et xénophobe et pour certains d’entre eux que s’ils avaient à choisir, ils voteraient socialiste plutôt que Front National.

 

Il s’agit donc bien comme en 2007, dans l’esprit du président-candidat,  d’une recherche de « récupération » d’un électorat,  stratégie qui à défaut de sincérité a au moins le mérite de la clarté.

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