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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 18:52

 

Notre intervention en Syrie, en compagnie de nos amis britanniques, ne fait plus de doute. En présence des réticences exprimées par la Belgique et par l’Allemagne, sur la levée de l’embargo par l’Union Européenne, Laurent Fabius a déclaré  jeudi 14 mars que la France, pays souverain,  « saura prendre ses responsabilités ».

Il est prévu que la France livre aux rebelles syriens des armes hautement sophistiquées. Des instructeurs seront selon toute évidence dépêchés sur les lieux du conflit pour en expliquer, à leurs utilisateurs, le fonctionnement ainsi que des techniciens pour en assurer la maintenance. Il est fort probable que des membres des services spéciaux soient également présents dans les zones rebelles pour contrôler la destination de ces armes. Ces personnels retrouveront sur place, des dizaines de leurs compatriotes, jihadistes, qui verront ainsi leur action, illégale depuis la loi du 12 décembre 2012 sur le terrorisme, d’une certaine façon, légitimée.

La France va ainsi se trouver engagée de façon significative, dans un conflit armé, dont l’objet est de faire tomber le régime de Damas, alors que personne n’est en mesure aujourd’hui d’apprécier la portée d’un tel bouleversement, sur cette région du monde.

Cet engagement de la France est d’autant plus singulier, qu’il se fera sans  aucun fondement juridique formel au plan du droit international et qu’il rencontre l’hostilité de plusieurs de nos partenaires européens qui craignent que les armes livrées aux rebelles, comme en particulier les missiles anti-aériens, ne soient un jour utilisées, pour commettre des actes de terrorisme contre des cibles civiles.

Pour justifier de notre intervention, on invoque la doctrine du « droit d’ingérence », compte tenu de la situation du peuple syrien, au regard des droits de l’homme et de la démocratie.

Sur le premier point, la diplomatie française explique que l’on ne peut laisser un dictateur massacrer son peuple. Mais la formule est réversible.  De nombreux peuples ont depuis longtemps été massacrés dans l’indifférence générale et les interventions des grandes puissances ont été trop sélectives, pour qu’elles puissent créer une jurisprudence.  

Quant à la volonté de la France de contribuer à l’instauration d’un régime démocratique en Syrie, chacun sait bien qu’un tel projet n’a aucune réalité, tant par les hommes qui composent la rébellion, que par les pays qui la soutiennent.  

La France aurait-elle alors d’autres motivations ? Certaines comme le marché des armes ou la  politique intérieure seront écartées, car trop viles, elles relèvent du procès d’intention.

Alors quoi ? Avec son intervention au Mali et son rôle dans la bande sahélienne de l’Afrique,  la France a pu être perçue comme étant devenue, l’ennemie privilégiée  des islamistes. Cette situation est de  nature à mettre en péril ses intérêts dans cette région du monde, avec une insécurité grandissante pour ses ressortissants, tandis que les prises d’otage se multiplient.

Il était donc important que la France clarifie sa politique étrangère, en montrant qu’elle n’avait aucune prédilection à lutter contre les mouvements islamistes en tant que tels, sa seule préoccupation étant  le respect des principes fondamentaux du droit international, que ce soit au Mali ou en Syrie.

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