Article publié dans l'Express.fr le 18juin 2013
L’affaire Cahuzac, la désespérance des citoyens touchés par la crise et même la météo ont été invoqués pour expliquer la sèche élimination au premier tour du candidat socialiste. « Le Chevènement de 2002 est cette année écologiste » résume Matthieu Deprieck dans un article publié le 17 juin 2013 sur le site de l’Express.fr : « Comme un air de-21-avril 2002 ».
Et en effet une simple addition, mieux qu’un long discours, montre bien que pour les socialistes, cette élection de Villeneuve-sur-Lot va bien au-delà d’un échec à une élection partielle : PS 23, 69 % + EELV 2, 78% = 26, 47 %.
Autrement dit, un accord PS-EELV aurait permis à la gauche, d’être qualifiée pour le second tour et aurait conduit à l’élimination du candidat du Front National qui a recueilli 26, 04 % des voix. .
Oui comme un air de déjà vu et les conséquences, sans être de même nature ne sont pas négligeables. Ajouté au frémissement que François Hollande connait dans les sondages, on aurait vu là une résistance de la gauche unie, une prise de conscience des français reconnaissant que le gouvernement est sur la bonne voie, bref cela aurait donné un coup d’oxygène à une majorité présidentielle, qui en a bien besoin.
Au lieu de cela, alors que chacun savait que ce serait très serré, alors que la gauche n’avait pas besoin d’une énième défaite, alors que sa majorité absolue se réduit comme peau de chagrin, alors en un mot que l’enjeu était politiquement important, EELV qui n’avait aucune chance de faire un score, a présenté un candidat qui ne pouvait que nuire au candidat socialiste. Oui la présence du candidat écologiste, qui tourne entre 2 et 3% dans la circonscription, ne pouvait avoir pour effet que de faire perdre le candidat socialiste.
C’est ce qui s’est passé. Et que l’on ne vienne pas nous dire que cette hypothèse annoncée comme hautement probable par l’ensemble de la presse, n’avait pas été envisagée par les appareils des partis concernés.
EELV bénéficie, il est vrai, d’un parti socialiste faible, abandonné par ses principaux leaders au profit des ors de la République et de la gestion du quotidien. Harlem Désir n’a pas l’autorité suffisante, pour ne pas dire la carrure, pour imposer à ses partenaires écologistes, au moins dans des situations extrêmes comme celle qui s’est présentée à Villeneuve-sur-Lot, un candidat commun susceptible, selon la formule consacrée, de « faire barrage au Front National ». .
Alors ? Alors il y a un problème sérieux. EELV qui bien au-delà de son poids politique et par la seule grâce des socialistes, bénéficie d’un groupe à l’Assemblée Nationale, d’un autre au Sénat ainsi que de deux ministères, joue un jeu ambigu, petites phrases et double langage parsèment le parcours quotidien de ses responsables qui font preuve d’une habileté de plus en plus rudimentaire.
Peut-on parler de cynisme de la part d’EELV, qui pourrait miser sur un affaiblissement parlementaire du parti socialiste, dont la majorité absolue ne tient plus qu’à trois sièges ?
Quelle que soit l’hypothèse, Villeneuve-sur-Lot a clairement montré que la majorité présidentielle, de plus en plus divisée sur le fond, n’a pas réussi à se mettre d’accord sur l’essentiel, se sauver de l’humiliation, ce qui, par les temps qui courent, n’aurait pas été un luxe.
Même s’il est fort probable que les choses s’apaiseront très bientôt, municipales obligent…