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11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 16:55

On dit  que le formica qui avait envahi les décharges dans les années 70 reviendrait à la mode. Je n’en suis pas surpris. S’il est vrai que ces meubles étaient d’un gout discutable, peu propices au rêve, ils étaient pratiques, faciles d’entretien, peu onéreux, ils facilitaient la vie de chacun, en donnant à tous, même aux plus humbles, un certain confort. Ce mobilier dépourvu de toute noblesse, était de plus assumé en tant que tel par ses concepteurs, qui l’ont appelé en toute simplicité par le nom du matériau qui le composait.

Après la parenthèse de l’après mai 68 qui a paradoxalement connu un retour vers des valeurs plus traditionnelles, la fin du 20e siècle est revenue au fonctionnel, ce qui a conduit à préférer le neuf à l’ancien,  la simplicité du plastique à la noblesse du bois, avec des prix à la portée de tous. La conséquence en a été que ce sont aujourd’hui les meubles anciens que l’on trouve sur les trottoirs le jour des « encombrants », le coût d’une remise en état dépassant très largement le prix du neuf...

Le phénomène est identique dans l’immobilier. La petite maison de caractère ne se vend plus, ne parlons pas de la grande. Trop d’escaliers, trop difficile à chauffer, trop d’entretien, située la plupart du temps dans des villages désertés par ses habitants, loin de tout, où l’on s’ennuie à mourir et où l’on passe son temps à rallier sans cesse la ville la plus proche pour se ravitailler. Aujourd’hui on lui préfère le petit pavillon de banlieue ou le F3 dans un immeuble moderne,  près de l’hyper, des écoles de la crèche de la pharmacie et du reste.

Le « vrai pas cher » s’impose de plus en plus et est même revendiqué. L’acier et le cristal remplacent avantageusement l’or et le diamant et l’on fait du très beau avec des matériaux peu onéreux, le bijoutier Swarovski en est le meilleur exemple.

Ne parlons pas des vêtements dont la durée de vie ne se compte plus en temps mais en nombre de fois portés, peu importe leur qualité, pourvu qu’ils soient tendance et la tendance est qu’ils aient une marque (on en compte par centaines) qu’ils soient pratiques et faciles à porter.

Quant à l’électro-ménager ou à la high-tech, leur obsolescence est de plus en plus rapide et bien évidemment pas question de parler réparation. Et on pourrait continuer longtemps avec les fast-food devant lesquels on fait la queue chaque midi, les voitures low-cost qui ont gommé le superflu et que l’on n’hésite plus à exhiber devant son pavillon, l’important, ainsi que l’assure la publicité à la télévision,  n’est-il pas qu’elle puisse transporter le matin tous les enfants en partance pour l’école en un seul trajet ?

Quant aux œuvres d’art, elles ne sont plus que des refuges pour investisseurs qui les enferment dans des coffres comme des lingots d’or qu’on n’aurait pas l’idée d’accrocher à un mur ou de mettre dans une vitrine de son salon.

L’esprit comme le rêve  ont disparu d’un monde où domine comme une évidence la satisfaction immédiate des besoins, qu’ils soient réels ou imaginaires, d’un monde dans lequel de plus en plus nombreux sont ceux qui empruntent d’hasardeux raccourcis, pour parvenir à cet idéal de vie,  au sein d’une société de plus en plus culpabilisée et qui ne sait plus comment faire.

Le formica c’est formidable, disait une publicité des années 60.

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