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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 10:55

Billet publié dans l'EXPRESS.fr le 26 juillet 2013

Mercredi 24 juillet, les députés UMP ont décidé de suspendre provisoirement leur participation à la commission Cahuzac. Ils souhaitaient entendre le Premier ministre, mais les députés socialistes s’y sont opposés estimant que cette audition ne présentait aucun intérêt.

Tout vient du comportement pour le moins singulier de Jérôme Cahuzac, qui a  déclaré lors de sa seconde audition, mardi 23 juillet « ne pas se souvenir » de faits pourtant précis et récents,  rapportés par Pierre Moscovici, ou « ne pas avoir les mêmes souvenirs » que lui. Le différend porte sur une réunion informelle qui aurait eu lieu le 13 janvier, après le conseil des ministres. Déjà, lors de sa première audition, le 26 juin, pour ne pas répondre à des questions qui lui étaient posées, il s’était retranché derrière l’information judiciaire en cours.  

Comment Jérôme Cahuzac peut-il prétendre ne pas se souvenir, de l’existence d’une telle réunion, à laquelle aurait participé le président de la République et le Premier ministre, alors que tout laisse penser, qu’elle a bien eu lieu ?

Quelle raison aurait-il, après ses aveux devant la justice, de se montrer retors devant la commission d’enquête pour expliquer ce qui s’est réellement passé? N’y a-t-il pas autre chose, qu’une simple stratégie de défense ?

Et si l’on remonte au moment où l’affaire est révélée à la presse, comment imaginer, qu’un homme de  l’intelligence de Jérôme Cahuzac a pu croire un instant, qu’il pourrait se sortir du mauvais pas dans lequel il se trouvait, par de simples dénégations. Il savait mieux que quiconque que l’enregistrement détenu par Mediapart était authentique et  que cet organe de presse n’a pas pour habitude de lâcher sa proie aussi facilement. Qu’est-ce qui a pu dès lors le pousser à avoir une position aussi absurde ?

Devant la représentation nationale, il a ensuite soutenu une contre vérité, avec une conviction tellement  profonde,  que l’adhésion quasi-générale à son propos lui sera acquise. L’émotion que l’on ressentait en l’écoutant ne pouvait émaner que d’un innocent injustement accusé. Plus tard, il sera qualifié de menteur. Mais comment a-t-il pu se rendre aussi convaincant, au point de tromper tout son monde ?

On peut encore s’étonner, chose assez incroyable,  qu’il ait caché la vérité à ses propres avocats, les  laissant travailler sur des données inexactes, ce que n’importe qui de sensé n’aurait jamais fait. Il a agi comme un patient qui donnerait à son médecin de fausses informations sur les symptômes de la maladie qu’il redoute ! 

Son comportement devant la commission d’enquête, lors de ses deux auditions,  est tout aussi significatif. Il parle de « souvenirs » comme on évoque des souvenirs de vacances dont il restera à chacun des vacanciers, une fois rentré à la maison,   ce que son cerveau en aura retenu. Il concèdera seulement,  « selon moi cette réunion n’a pas eu lieu », cette option ayant l’avantage de lui permettre d’échapper à une multitude d’autres questions qui auraient découlé d’une réponse positive.

Il ira même jusqu’à manifester une certaine arrogance vis-à-vis de certains membres de la commission qui se montraient trop pressants : « Ni l’ironie, ni la menace, ne me feront dire des choses dont je n’ai aucun souvenir ». Comportement que l’on pourrait comprendre chez quelqu’un qui se sait innocent, mais qui parait surprenant dans sa situation de « mis en cause ».

La retransmission de son audition nous a montré un homme éprouvé par la fatigue, le visage défait, qui assume son affaire avec difficulté, qui parle par périphrases, ne répond que rarement aux questions ou de façon peu claire, ou qui cherche le plus possible à les fuir de n’importe quelle façon, même sur ce qu’il ne conteste pas.

Jérôme Cahuzac a agi comme quelqu’un qui a refusé, dès qu’elle est apparue dans la presse  le 4 décembre, « une réalité trop angoissante », contre toute logique. Il a continué de la refuser contre toutes les  évidences et à l’occulter, même après que la vérité ait éclatée. Ne serions-nous pas alors dans ce que les psychiatres appellent « le déni de réalité », et qui selon eux peut parfois, dans des cas extrêmes, aller jusqu’à la psychose ? Aucune autre explication logique ne peut être donnée à un tel comportement, sauf si Jérôme Cahuzac n’était rien d’autre qu’un habile dissimulateur.  

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