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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 19:50

L’affaire Florence CASSEZ est exactement le type de cause, dans laquelle un Président de la République, ne devrait  pas  s’investir personnellement.

Il y a 2000 à 2500 français emprisonnés de par le monde. La France doit les soutenir matériellement et moralement et assurer leur défense du mieux qu’il est possible. Mais cette fonction relève des  missions diplomatiques et ne peut en aucun cas être un enjeu politique.

Il est rare, pour ne pas dire exceptionnel, que ce type d’affaire conduise à un engagement personnel du chef de l’Etat, comme ce fut le cas avec Nicolas SARKOZY. Un engagement qui s’est voulu total, le Président n’ayant pas hésité à compromettre gravement les relations diplomatiques de la France  avec le Mexique, qui furent à la limite de la rupture. 

La personnalité de l’ancien Président explique certainement bien des choses.

La France ayant élu un Président « normal », on aurait pu penser que l’affaire serait traitée selon le droit commun, par la voie diplomatique classique et que par conséquent l’Elysée n’interviendrait plus. D’ailleurs, François HOLLANDE qui avait évoqué le sujet avec Felipe CALDERON à Los CABOS au Mexique, à l’occasion du dernier G20, avait assuré, selon le Figaro.fr mis à jour le 20 juin, qu’il faisait confiance à la justice mexicaine, dont il respectait l’indépendance.

François HOLLANDE avait  reçu avant son départ pour le Mexique, les parents de la jeune femme et un communiqué sibyllin indiquait que « la France restait pleinement engagée aux côtés de Florence CASSEZ et souhaitait que la jeune femme bénéficie d'un traitement judiciaire juste et équitable »

On aurait pu alors penser, que François HOLLANDE s’était écarté de la ligne de son prédécesseur à l’Elysée, pour ce qui concerne la gestion de cette affaire.  

Mais selon diverses informations parues ces jours-ci, en particulier dans le quotidien Le PARISIEN.fr du 8 octobre, la stratégie Elyséenne semble avoir évolué.

Vendredi dernier, Valérie TRIERWEILER a expédié, par la valise diplomatique,  un colis rempli de livres, de chocolats et de produits de beauté, à la Française. Cette initiative devrait se répéter tous les mois jusqu’à la libération de la jeune femme emprisonnée.

On a appris aussi, par la même source, que François HOLLANDE avait téléphoné plusieurs fois à Florence CASSEZ, ainsi que l’avait fait son prédécesseur, initiative qui avait été jugée très originale.

François HOLLANDE recevra le 17 octobre, le nouveau président mexicain, Enrique PENA NIETO, qui doit prendre ses fonctions le 1er décembre prochain. Son épouse Angélica RIVERA déjeunera avec Valérie TRIERWEILER.

A-t-on considéré à l’Elysée que c’était là l’occasion de convaincre un président à peine élu, qu’il obtienne  de la justice mexicaine la libération de la française, et réussir ainsi un beau coup politique ?

 

Sur le plan des principes, cela est peu concevable, sauf à nier l’indépendance de la justice mexicaine. On imaginerait mal en France, le pouvoir exécutif venir peser sur une décision de justice, qui plus est,  suite à l’intervention du chef de l’Etat d’un pays étranger.  

Sur le fond, si rien ne nous permet de dire que Florence CASSEZ est coupable, mais rien ne nous permet de dire qu’elle ne l’est pas.

Rien ne nous permet de dire que Florence CASSEZ était informée des activités de son compagnon Israël VALLARTA, chef présumé de la bande du ZODIAQUE, poursuivi pour plusieurs enlèvements. Mais rien ne nous permet de dire qu’elle ne l’était pas.

Rien ne nous permet de dire que David OROZCO un des membres présumés du gang des kidnappeurs, qui a affirmé lors de l'enquête que Florence CASSEZ dirigeait la bande avec son compagnon et qu’elle avait pour tâche de toucher les rançons et de préparer les enlèvements a dit la vérité. Mais rien ne nous permet de dire qu’il a menti, 

Rien ne nous permet de dire que Cristina RIOS VALLADERES, enlevée le 19 octobre 2005 avec son mari et leur fils, puis séquestrée avec son fils pendant 52 jours, qui affirme dans le quotidien La JORNADA qu’avec ce dernier ils ont reconnu « la voix et l'accent de Florence CASSEZ comme étant celle de leur ravisseuse qui a extrait du sang de l'enfant pour l'envoyer au père et qui a menacé la mère de la tuer » a dit la vérité. Mais rien ne nous permet de dire qu’elle a menti. Rien ne nous permet… rien ne nous permet…et on pourrait continuer ainsi longtemps…

Est-ce le rôle d’un Président de la République que d’entrer dans un pareil débat judiciaire?

S’agit-il pour François HOLLANDE de redorer son blason, terni par la situation économique de la France,  en montrant aux français, que sur une affaire extrêmement médiatisée, il a réussi là où son prédécesseur a échoué, et en y associant sa compagne à la peine dans les sondages, faire d’une pierre deux coups.

Cette stratégie serait pour le moins hasardeuse. Car après les péripéties portant sur sa vie personnelle, qui sont venues brouiller son image, toute initiative qui pourrait l’entrainer dans un quelconque reality-show, aurait pour lui des conséquences encore plus préjudiciables que celles qu’elles ont eu pour son prédécesseur.

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