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21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 09:43

Après être passé par plusieurs cabinets ministériels, la carrière de ce haut fonctionnaire va connaitre un tournant décisif le 11 février 2020 lorsqu’il sera nommé par le président Kaies SAIED, premier-conseiller chargé des affaires juridiques au palais de Carthage. Seize jours plus tard, il obtiendra le poste hautement stratégique de  ministre de l’intérieur et après cinq mois, celui de  chef du gouvernement.

Hichem MECHICHI, un physique rassurant, tout en rondeur, un peu à la Raymond BARRE, qui comme l’ancien Premier ministre français qui n’a jamais appartenu à aucun parti politique, saura faire preuve d’une grande fermeté dans l’exercice de sa fonction.

Une carrière fulgurante, pour cet ancien énarque âgé à peine de 47 ans, qu’il doit à l’évidence en grande partie au président de la république, qui a certainement pensé tenir en lui son homme lige.

Mais Hichem MECHICHI, à peine désigné par son mentor pour former le gouvernement, négociera les portefeuilles ministériels avec l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) pour obtenir sa confiance et être  nommé chef du gouvernement. C’est encore avec elle qu’il déterminera la politique à conduire, car c’est un truisme de le dire, c’est l’Assemblée  qui vote les lois et qui le censurera s’il avait quelques velléités de vouloir s’affranchir de sa tutelle.

Ce n’est donc pas par déloyauté ou par ingratitude vis-à-vis de son mentor, qu’Hichem MECHICHI, aussitôt désigné pour former le gouvernement, s’est rangé du côté de l’assemblée, mais par application de la constitution.

Et lorsqu’en fin d’année 2020, la majorité parlementaire, a souhaité modifier la composition gouvernementale, il n’aura pas d’autre choix que d’accéder à sa demande.

La crise qui s’en est suivie au sommet de l’état, unanimement condamnée par la vox populi, n’a épargné personne et a « naturellement » conduit certains esprits à s’interroger sur l’avenir d’Hichem MECHICHI à la tête du gouvernement, six mois à peine après sa nomination.

Mais la crise qui l’a opposé au président de la République, ne sera pas de celle qui pourra l’atteindre. Bien au contraire, elle l’aura renforcé.

Face à elle, il  a montré qu’il avait un profil parfaitement compatible avec l’ensemble des partis qui constituent la majorité parlementaire.

Il a par ailleurs fait preuve à cette occasion, d’une force de caractère et d’une maîtrise peu commune :

Il ne s’est guère laissé impressionner par  le comminatoire terme de corruption jeté à la volée par le président, sur les personnalités qu’il a proposées  à l’exercice des fonctions ministérielles ; « corruption », un  nom qui pourtant dans l’histoire récente de la Tunisie, en a fait reculer plus d’un.

Il a de même résisté à l’aura du président qui par son élection et depuis lors, bénéficie d’une  assise populaire incontestable, tout comme il osera décliner son interprétation de la constitution, malgré ses compétences universitaires reconnues en la matière.    

Sans se démonter, Hichem MECHICHI  a pour toute réponse à cette attaque en règle, démis de leurs fonctions les cinq ministres qui étaient sur la sellette et qui avaient le soutien du président, puis il a redistribué leurs fonctions aux ministres restés en place, contournant avec habileté et de façon juridiquement incontestable, le blocage mis en place par le président, à la suite de la tentative de remaniement.

Sauf circonstances particulières, on voit difficilement Hichem MECHICHI, être  maintenant évincé par une motion de censure, comme quelques oiseaux de mauvaise augure le prédisent.

Selon l’article 97 de la constitution, cela nécessiterait, outre un vote à la majorité absolue de l’ARP, la désignation dans le même temps de son successeur, ce qui est  toujours très compliqué à obtenir. Dans les circonstances sanitaires économiques, sociales et de sécurité précaire que connait la Tunisie, se lancer à nouveau dans des opérations de nature politiciennes, aurait un effet désastreux.

De plus enfin et surtout, ce serait un renoncement sur la nature même du régime parlementaire voulue par les constituants de 2014, un régime qui se présidentialiserait, en reconnaissant de facto, l’intervention du président de la République dans la nomination des ministres, autres que ceux de la défense et des affaires étrangères.

Sauf circonstances exceptionnelles, le locataire de Dar El Bey n’est pas prêt de faire ses bagages, sauf si l’on devait considérer du côté du palais du Bardo que l’on n’a jamais intérêt à avoir à la tête du gouvernement un homme de trop grande envergure ; mais n’allons pas trop loin dans le machiavélisme...

Oui, il y a incontestablement du Raymond BARRE chez Hichem MECHICHI, rondeur et  fermeté, c’est peut-être le secret de la longévité au gouvernement, rappelons que Raymond BARRE est resté près de cinq ans premier ministre, un des plus longs règnes à Matignon.

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