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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 13:18

~~Le président de l’exécutif de l’Assemblée de Corse, Paul Giacobbi, mis en examen avec d’autres, pour détournement de fonds publics envers le Conseil général de Haute Corse, devenu Conseil départemental, verra ses frais d’avocats pris en charge par le dit Conseil.

Il est exact, ainsi que le soutient le président de cette collectivité François Orlandi, que «la protection fonctionnelle» permet à un élu ou un ancien élu, poursuivi pour une faute de service, commise dans l’exercice de ses fonctions, d’obtenir de la collectivité publique, qu’elle prenne à sa charge ses frais de justice.

D’ailleurs, aucun conseiller départemental ne s’y est opposé. Ils ont tous voté pour, les trois conseillers nationalistes se contentant de s’abstenir.

Toutefois, deux précisions doivent-être apportées. La première est que l’élu n’en bénéficiera, in fine, que s’il n’a pas commis de faute « détachable du service ». Or un détournement d’argent public, s’il était avéré, n’a rien à voir avec les aléas de l’exercice de la fonction d’élu que l’on est appelé à exercer. Cela, nous ne le saurons que lorsque le juge d’instruction ou le tribunal se sera prononcé.

La seconde précision est que, contrairement à ce que l’on a pu laisser entendre, cette protection juridique n’est pas automatique et il faut la demander pour l’obtenir. Il semble d’ailleurs que les autres mis en examen, ne l’aient pas sollicitée. Mais au-delà de l’aspect juridique des choses, on doit se demander, comment un homme de la dimension de Paul Giacobbi, dont l’intelligence, le talent et l’art consommé qu’il a dans l’exercice de la politique, toutes qualités qui ne sont contestées par personne, y compris par ses adversaires les plus farouches, a pu se laisser aller à commettre pareille erreur, qui plus est à quelques semaines des élections à l’Assemblée de Corse.

Avec tout le respect que l’on peut avoir pour ce responsable, un tel comportement frise une certaine arrogance que l’on imaginait comme faisant partie de mœurs d’un autre temps. Si Paul Giacobbi est étranger comme il le dit à cette affaire des gîtes ruraux et pourquoi ne pas lui en donner acte, il ne doit pas lui être bien difficile de se défendre et d’apporter lui-même les éléments permettant au juge de constater qu’il n’a rien à voir avec les détournements objet de la procédure engagée par le parquet de Bastia.

Et si Paul Giacobbi tenait absolument à se faire assister dans cette affaire, n’avait-il donc pas les moyens de se payer de ses propres deniers un avocat qui se serait contenté de transmettre ses observations et ses pièces ?

Au lieu de cela, Paul Giacobbi a préféré demander l’argent des contribuables pour le défendre, à l’heure où des petites communes de ce département, ont été obligées de barrer les routes pour permettre le transport des élèves vers leur collège, à l’heure où l’on ne peut obtenir que des signalisations médianes de routes de montagne, danger mortel par temps de brouillard, soient remises en état, à l’heure où l’on a du mal à obtenir que ces mêmes routes, effondrées par endroit, ne soient réparées, à l’heure où il est de plus en plus difficile d’obtenir le moindre sou, pour des travaux de première nécessité, à l’heure où l’on nous dit qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses des départements, à l’heure où de petits élus, de condition parfois fort modeste, ont renoncé à leurs indemnités de fonction pour aider leur commune impécunieuse, à l’heure où…, et l’on pourrait continuer ainsi encore longtemps…

Oui, vraiment, mais quelle mouche a donc piqué Paul Giacobbi ?

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commentaires

S
A mon avis certaines tactiques permettent, tout en avançant un pion, de découvrir l'adversaire : en faisant voter une telle mesure, il est évident que ceux qui n'ont rien à se reprocher n'ont aucune nécessité à la voter, n'est-il pas vrai ? Il se trouve que deux ou trois participants ont voté par la négative. Par conséquent, la conclusion parle d'elle même. FS
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