Ils sont jeunes, ils sont dynamiques, ils sont innovants, ils ont presque tous, fait une école de commerce, ils ont créé leur entreprise, souvent une startup, ils sont discrets, peu présents dans les médias, plus préoccupés par la promotion de leur entreprise que par la leur propre.
Ils savent que leur richesse ou leur misère ils la doivent à eux mêmes, ils connaissent mieux que quiconque la relation salaire/compétitivité et ils expliquent que pour embaucher il faut pouvoir licencier, ils viennent d’apprendre que les dividendes seront désormais taxés, une taxe de 3%, peu propice à la recherche des capitaux qui leur font pourtant tant défaut, ils savent aussi que le pire est à venir et rejettent avec force, comme pour conjurer le sort, cet impôt « confiscatoire » dont on nous parle depuis quelques mois matin et soir.
Ils savent qu’on ne les aime pas, mais ils ne cherchent pas à être aimés, ils savent que l’on scrute leur entreprise, pour la taxer encore plus, mais ils se taisent, trop petits pour fuir, adoptant un profil bas, dans l’attente de vendre, consécration suprême, celle qui fut l’objet de tous leurs sacrifices, toute une vie durant.
Mais ça aussi c’est fini, on vient de le leur dire. Une taxe de 60% sur la plus value à la cession, met un terme à cette dernière ambition.
Ils ne peuvent l’accepter, ils vont s’y opposer, sans trop de conviction.
Et voilà que maintenant, fait sans précédent, que nos jeunes « entrepreneurs », qui refusent qu’on les appelle « patrons », se rebelleront.
De pigeons, leur premier nom, ils deviennent « #Geonpi » avec Facebook et Twitter leurs armes favorites, numériques et de dernier cri, à l’efficacité maintes fois établie, les voilà arrivant, dans un même mouvement, venant de toutes parts et de tous horizons, pour les rejoindre en nombre sur les réseaux sociaux.
Bercy réagit vite, Bercy le tout puissant, cède tout, promet tout, sans même discuter : «Quand des mesures sont mal calibrées, il faut savoir dialoguer » Suivront réunions et congratulations.
En quelques clips, en quelques clips seulement, ils ont troqué un statut de pigeons à plumer, contre celui d’entrepreneurs respectés. Modestes ils affirmeront, qu’ils voulaient seulement discuter.
Mais c’est une victoire, une victoire plus importante que celle espérée, qu’ils décident de fêter et de prolonger sur le web, pour rester bien groupés.
Et c’est ainsi messieurs dames, qu’en ce 4 octobre de l’année 2012, sont nés les pigeons de la République et que désormais, selon la formule consacrée, rien ne sera plus jamais comme avant.