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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 07:05

 

Ce billet a été sélectionné par le journal en ligne l’Express.fr et publié à sa Une.

Arnaud MONTEBOURG ne démissionnera pas car il n’a aucune porte de sortie. Aux dernières législatives, il n’avait pas sollicité le renouvellement de son mandat de député, sa réélection n’apparaissant pas assurée. Il est donc condamné à s’accrocher à son portefeuille, malgré les dissensions qui l’opposent au Premier ministre. Il ne sera pas non plus « démissionné », François HOLLANDE souhaitant le conserver au sein du gouvernement, en tant que représentant d’une gauche radicale.  

 

Mais tout cela à un prix pour les deux parties, et en l’espèce le prix est élevé. Arnaud MONTEBOURG devra accepter d’avaler les couleuvres d’une politique qu’il désapprouve, quant à Jean-Marc AYRAULT, il devra s’accommoder des incessantes diatribes de son ministre.

 

Mais cela peut-il durer encore longtemps ?

 

Le problème que nous observons entre les deux hommes n’est pas récent, il va au-delà des personnes et remonte à la campagne présidentielle. Lorsque dans son fameux discours du Bourget, François HOLLANDE proclama avec force : « mon véritable adversaire c’est la finance », beaucoup interprétèrent cette imprécation, comme une marque de défiance  vis-à-vis des chefs d’entreprises. Par la suite, François HOLLANDE eut beau tempérer son propos en précisant qu’il tiendrait compte des réalités économiques, une ambiguïté était née.

 

Elle fut confortée par la nomination d’Arnaud MONTEBOURG, comme ministre du redressement productif, dont la dialectique à bien des égards anti-patronale, est connue de tous.

 

Peut-être a-t-on alors considéré, que l’on pourrait jouer de cette ambiguïté, le Premier ministre, convaincu quant à lui de ce que rien ne pourrait se faire sans les chefs d’entreprises et les investisseurs, se chargeant ensuite de faire « la synthèse ». On sait ce qu’il adviendra …  

 

PSA, les marchés publics d’Ile de France, le made in France, et maintenant Florange, ont été les exemples les plus criants d’une confrontation entre un Premier ministre et son ministre,  qui ne connaît pas beaucoup de précédents.

 

Le ministre du redressement productif médiatisera à chaque fois une politique très interventionniste, comminatoire envers les patrons, pouvant aller jusqu’à proposer la nationalisation de l’entreprise, avec mise en exergue du patriotisme économique, sans aucunement se soucier des engagements européens et internationaux de la France.

 

Le Premier ministre, en présence d’une politique diamétralement opposée à la sienne, arbitrera et recadrera inlassablement son fougueux ministre, laissant transparaître de plus en plus son agacement, devant une situation qui le déstabilise gravement, décrédibilise le gouvernement, perturbe les parlementaires et conduit les syndicats à la radicalisation.

 

Signe d’une évidente dégradation de la cohérence gouvernementale, on assiste à l’Assemblée Nationale au spectacle pervers et destructeur, du ministre du redressement productif qui, dès qu’il prend la parole sur quelque sujet que ce soit, est applaudi à tout rompre par les députés de la majorité debout, qui lui manifestent ainsi leur solidarité, mais qui marquent dans le même temps  leur ferme désapprobation à un Premier ministre décontenancé.

 

Autre signe, celui là directement adressé par les électeurs ce dimanche 9 décembre, à l’occasion de trois élections législatives partielles. Tout en les relativisant, les résultats du premier tour montrent que le printemps 2012 est déjà loin et que le gouvernement, devant des citoyens perplexes, doit se montrer uni et convaincu, sur la politique qu’il met en œuvre. Arnaud MONTEBOURG et dans une moindre mesure Cécile DUFLOT ne doivent plus pouvoir continuer à jouer dans leur coin leur petite musique.

 

La logique des institutions aurait dû conduire François HOLLANDE à demander à Arnaud MONTEBOURG de lui remettre sa démission. La logique qui résulte de l’équilibre politique de la majorité, s’y est opposée. Mais le bon sens exige une reprise en main, et l’instrument le plus adapté pour sortir de ce qui s’apparente il faut bien le dire à une véritable crise, est sans aucun doute le remaniement ministériel. On en connaît les vertus thérapeutiques. Il pourrait intervenir après le second tour des élections législatives partielles, et ce serait faire, selon la formule consacrée, « d’une pierre deux coups ». 

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