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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 12:11

Billet publié dans l'Express.fr du 18 septembre 2013

« Le lynchage indécent et nauséabond de Sophia Aram », « Le Sophia Aram Bashing est insupportable » « L’ignominieux  lynchage numérique de Sophia Aram »…Depuis quelques jour, après la curée contre la présentatrice de « Jusqu’à présent tout va bien », de tels titres fleurissent dans la presse écrite et sur la toile.

J’ai pris le parti de soutenir Sophia Aram dès la seconde émission, en expliquant qu’elle ne pouvait être la seule responsable, de ce qui s’annonçait être objectivement un fiasco. http://www.lexpress.fr/actualite/j-ai-regarde-sur-france-2-jusqu-ici-tout-va-bien-presente-par-sophia-aram_1282737.html

Ce lundi 23 septembre, j’ai à nouveau regardé quelques instants l’émission. J’ai vu les artistes qui entourent la présentatrice, totalement inconscients de la vacuité de leurs interventions. N’ont-ils pas un proche, un responsable de la chaîne publique, quelqu’un qui puisse leur dire que cela ne va pas, que c’est plat, que c’est sans intérêt et que personne au monde ne paierait pour aller voir un pareil spectacle.

J’ai en revanche vu ce soir-là, une Sophia Aram qui m’est apparue lucide. J’ai lu dans ses yeux de plus en plus noirs, de plus en plus brillants, dans son regard de plus en plus profond, la peur. Cette peur qui rend tout plus difficile, qui sèche la langue, qui nous oblige à crier pour que l’on ne perçoive pas que l’on a la voix nouée, cette peur qui fait place à la détresse et qui rend celle qu’elle envahit de plus en plus attachante.

Seul le public qui fait partie du spectacle joue parfaitement sa partition, peut-être même un peu trop. En complet décalage avec ce qui se passe, il applaudit à tout rompre, j’imagine sur instruction, des blagues insipides, accroissant encore le malaise que l’on ressent en regardant l’émission.

Du courage ? Sophia Aram en a à revendre. Elle est maintenant entrée dans la phase compassionnelle, la pire de toutes. On ne la critique plus, on la plaint.

Et derrière tout cela,  il y a une chaîne publique, avec des salariés et des « clients », des annonceurs et leurs intérêts, des téléspectateurs qui filent ailleurs, vers cet ailleurs dont souvent on ne revient que difficilement. Et ça, on ne pourra pas longtemps l’ignorer.

Un « plantage » ? Cela est arrivé à chacun d’entre nous dans sa vie professionnelle. Il peut être bénéfique lorsque l’on sait le gérer.

Mais si à un tel niveau, on laisse les sentiments prendre le pas  sur la réalité, on peut être assuré que les faits, qui finissent toujours par l’emporter, s’imposeront alors de la façon la plus cruelle qui soit.

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