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3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 14:37

Le billet d’Eric SEYDOUX

 

On croyait qu’ils avaient disparus avec la fin du deuxième mandat de Jacques CHIRAC, Alain JUPPE avait annoncé la fin de sa carrière politique nationale après son rude échec aux législatives de 2007, Jean-Pierre RAFFARIN ne rêvait que de devenir président de la Haute Assemblée, Jean-Louis DEBRE avait été casé au Conseil Constitutionnel, on sait ce qu’il advint de Michèle ALLIOT- MARIE, quant à Dominique de VILLEPIN toujours en procès, il se trouvait isolé au sein même de ses partisans, plus préoccupés par leur carrière que par le devenir de leur ancien leader.

 

Croire que l’heure de la fin des chiraquiens avait sonné eut été mal connaître la politique et une pareille dynastie qui depuis un demi-siècle avait su montrer de quoi elle était capable. Et puis qu’ils me pardonnent, mais on n’a pas à faire là à des centristes ou à des radicaux. Les chiraquiens sont de vrai combattants de la politique, des guerriers de l’extrême, ils attaquent là où on les attend le moins, leurs coups sont terribles, tous de grands professionnels, les guignols de l’info nous ont montré avec une très grande pertinence un Jacques CHIRAC en tueur froid, sa filiation est assurée par des  stratèges de premier ordre, l’élite de l’élite.

 

Voilà Alain JUPPE, le successeur désigné de Jacques CHIRAC qui revient discrètement aux affaires dans la prestigieuse case affaires étrangères, après un passage furtif aux armées, un Dominique de VILLEPIN, qui tout en semblant ces derniers temps le ménager, n’en finit pas de saper en sourdine l’autorité du président de la République et de se poser en candidat déterminé à la présidence, tandis que Jean-Pierre RAFFARIN  tapis dans l’ombre, dégoupille benoitement, grenade après grenade, dès lors que la moindre occasion se présente.

 

Point d’orgue de cette montée en puissance, Jacques CHIRAC déclare qu’il votera pour François HOLLANDE, sauf bien évidemment si Alain JUPPE se présente. Humour corrézien a-t-on dit ? Rien de moins sûr, cette bête politique est d’une parfaite cohérence.

 

Jacques CHIRAC fit battre le leader de son parti Jacques CHABAN-DELMAS au profit de Valérie GISCARD d’ESTAING, Il fit ensuite battre ce dernier, candidat de la majorité, au profit du candidat de l’opposition, François MITTERAND lui rendit la pareille à la fin de ses deux septennats en en faisant son favori. La certitude de l’élection de Nicolas SARKOZY donna un répit à ce jeu pervers.

 

Mais ce n’était qu’un répit. L’incertitude étant à nouveau de mise, il n’est pas étonnant que les chiraquiens se remettent à l’ouvrage, leur prise de pouvoir étant toujours passée par une défaite de leurs adversaires au sein de la majorité.

 

A l’ouverture des universités d’été de l’UMP voila que les avocats de Jacques CHIRAC exhibent un rapport d’un collège de médecins experts qu’ils détenaient depuis le mois de juillet, affirmant que l’ancien président « est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permettait pas de parler de son passé » et qu’il ne pourra donc pas être présent à son procès. Les médias ne parlent plus que de cela, les universités d’été sont passées au compte pertes et profits. Faux départ pour la majorité.  

 

Ces universités serviront juste, à donner à Jean-Pierre RAFFARIN un plateau médiatique exceptionnel pour sommer de la façon la plus ferme qui soit, Nicolas SARKOZY de se montrer plus mesuré dans ses paroles. Prenant comme dérisoire prétexte une discussion sur la TVA à propos des parcs de loisir, au cours de la quelle Jean-Pierre RAFFARIN ou la position qu’il prenait sur cette affaire fut qualifiée d’irresponsable, l’ancien Premier ministre a mis en demeure publiquement Nicolas SARKOZY de « clarifier ses propos ». Le défiant même au-delà de l’acceptable, il montera cet incident en épingle, comme l’aurait fait un membre de l’opposition la plus radicale. Il lui fit la leçon sur la notion de responsabilité, stigmatisant avec virulence un tel débordement, ne démentant pas les journalistes qui lui demandaient s’il exigeait des excuses du chef de l’Etat,  prenant un malin plaisir à expliquer que le président lui avait longuement téléphoné pour lui dire qu’il retirait son projet, faisant observer que ce n’était pas lui Jean-Pierre RAFFARIN qui était l’agresseur dans cette affaire, laissant déduire à ses auditeurs que Nicolas SARKOZY l’avait été. On peut penser que Jean-Pierre RAFFARIN figurera dans la prochaine édition de « SARKO m’a tuer ».

 

Aucun doute que la défense de l’ancien Premier ministre était disproportionnée par rapport à l’incident. Aucun doute que Jean Pierre RAFFARIN a eu un comportement qui a nui gravement à l’image nouvelle que cherche à avoir Nicolas SARKOZY. Aucun doute non plus que Jean-Pierre RAFFARIN, n’étant pas un novice en politique, n’a pu feindre d’ignorer le préjudice qu’il occasionnait ainsi au président, à quelques mois des élections présidentielles et à un moment de la campagne où le président est dans une position de bascule sur sa remontée dans l’opinion.

 

Aucun doute aussi que ce n’est pas le fruit du pur hasard si les proches de Jacques CHIRAC ont sorti ce rapport médical à l’ouverture de l’université d’été de l’UMP qui devait lancer la pré campagne.

 

La campagne électorale a été lancée, mais pas par ceux que l’on attendait. Elle sera rude. Les chiraquiens sont de retour. Ils n’aiment toujours pas Nicolas SARKOZY, ils ne l’ont pas pris en traitre, Jacques CHIRAC l’a clairement dit dans ses mémoires qu’il vient de publier. A bon entendeur salut.

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