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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 06:34

Billet publié dans l'Express.fr du 27 novembre 2013   

Sans aucunement prendre parti sur  un conflit dont j’ignore tout, en écoutant Dominique VOYNET sur les motivations de sa décision de ne pas être candidate à sa réélection à la mairie de Montreuil, j’ai pensé à la KAHENA, cette reine guerrière du 7e siècle qui fut considérée comme la première féministe de l’histoire, dont le nom signifie en grec « être pure » et qui paya  de sa vie sa lutte contre la dynastie des califes. Que l’on soit ou non d’accord avec elle sur le fond des choses, on ne pourra enlever à Dominique VOYNET d’être une femme de conviction, une femme qui aura été jusqu’à l’extrême limite de ses forces, dans un monde de plus en plus impitoyable.

Moins de quarante-huit heures après, cet évènement de la mairie de Montreuil est déjà oublié. On passe à autre chose. Tout va si vite. Francis Collomp, les journalistes de RFI, le tireur parisien, eux aussi, déjà remisés aux oubliettes de l’actualité, en quelques jours, en quelques heures, c’est selon. La coupe du monde, les retraites, le régime fiscal…Alors, les états d’âme d’une maire, fut-ce de Montreuil, fut-ce même  d’EELV…

Mais cette fois-ci, nous aurions tort de laisser inscrire aussi vite cet évènement, au compte « pertes et profits » de notre société médiatique. Nous aurions tort, car la décision de Dominique VOYNET ne peut en rien être classée au rayon des péripéties  des municipales, comme il en existe tant. Ses déclarations sont loin d’être anodines, elles sont « un signal d’alerte » d’une dégradation de nos mœurs politiques. L’ancienne ministre de l’écologie demande que « la vie politique change, car l'atmosphère y est irrespirable ».

 « Suspicion, mensonges, calomnies, insultes ». Dominique VOYNET refuse de continuer à vivre dans un monde qu’elle dénomme être du « fight club » et qu’elle ne supporte plus. Au-delà de l’affaire de Montreuil, il y a une réalité que personne ne peut plus aujourd’hui nier. Tous ceux qui sont « en politique » savent que depuis longtemps, les coups les plus bas sont légions, que les rivalités les plus profondes sont au sein même des familles politiques où  s’y livrent les combats les plus vils. Mais aujourd’hui, les choses vont bien au-delà. A une époque où l’on siffle les symboles de la République, où l’hyper matérialisme règne en maître absolu, l’invective et la grossièreté, la hargne et l’insulte sont devenues une stratégie vis-à-vis de ses adversaires, mais aussi vis-à-vis de ses « amis » politiques.  

Ce qui me frappe surtout, c’est que lorsque de telles agressions peuvent se produire, elles s’accomplissent dans l’indifférence générale, sans que les responsables des partis concernés ne condamnent ni même ne désapprouvent des comportements aussi indignes. Le silence, devenu trop souvent synonyme de lâcheté et de couardise. 

Ce qui me paraît encore plus grave,  c’est que de telles méthodes se rencontrent partout, du haut en bas de l’échiquier politique et jusque dans les collectivités locales les plus infimes, les plus modestes, autrefois les plus unies, qui maintenant se délitent doucement, avec les dernières digues qui sautent, les derniers rivages inexorablement rongés par l’ignorance et l’amoralité de ceux qui sont à la manœuvre, devant des spectateurs horrifiés mais impuissants qui préfèrent laisser faire. Il semble que pour certains la honte ne soit plus de ce monde, l’honneur et la dignité non plus. Bon appétit messieurs ! Pourrait-on alors leur lancer à la manière de Ruy Blas.

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