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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 19:37

Billet publié dans l’EXPRESS.fr le 16 juillet 2013

Mercredi dernier sur i télé, pendant près de 20 minutes, Bernard Tapie a expliqué, comment  on lui a « piqué » ses biens. « Exécuté avant d’avoir été condamné ! »  a-t-il lancé hors de lui. Immédiatement après, il s’est rendu au 20 heures de TF1, pour raconter à nouveau sa mésaventure.

Quelques jours avant sur France 2, il avait jonglé pendant un bon quart d’heure avec les millions d’euros, jusqu’à donner le tournis aux pauvres téléspectateurs que nous sommes, il  avait tout expliqué sur « l’affaire » elle-même, sur l’affaire dans l’affaire, tout tenté pour justifier de ce que ces millions d’euros, on les lui devait bien, mais sans pouvoir véritablement convaincre, dans une affaire qui demeurait être le diable et son train.

C’est la méthode Tapie, prendre le bon peuple à témoin, lui expliquer qu’il est l’objet d’injustices, de complots, maintenant d’une loi inique, une loi qui permet de saisir les biens de n’importe quel honnête citoyen, sans même qu’il ait été condamné. Les vôtres monsieur El Kabbach, ceux du petit épicier du coin ou du boulanger  a-t-il tonné, indigné. N’étant plus en mesure de couvrir le plus petit incident de paiement, si demain la société La Provence avait la moindre difficulté de trésorerie, les salaires du personnel ne seront pas payés.

Mais Tapie, frappé au cœur même de son empire, ne peut se contenter d’une défense, en quelque sorte ordinaire. Même très appuyée, il sent bien qu’elle est insuffisante pour créer l’effet d’empathie recherché. Il lui faut aller beaucoup plus loin. Il se rappelle qu’en 1989, il avait acquis une aura indiscutable en terrassant le dragon  FN, que personne n’osait affronter. Il est temps de sortir sa carte maîtresse, il n’a plus le choix. …

C’est à la fin de sa longue diatribe devant l’insubmersible El Kabbach, qu’il  lâchera tout de go, que pour les élections municipales, il ira à Marseille combattre le Front National. « Sur les marchés, sous les préaux d’école », partout où il sera bon d’aller,  pour le réduire à la portion congrue, qu’il fixe à 10%... A condition, bien évidemment, que l’on veuille bien faire appel à lui. Seul Jean-Michel Baylet pour les radicaux de gauche, parti dans lequel Bernard Tapie s’est toujours reconnu et pour lequel il a tant fait, a réagi. Il lui a fait savoir  sèchement qu’il devait d’abord régler son affaire et qu’après l’on verrait...

C’est une évidence, un rejet très net se fait jour à l’égard de Bernard Tapie. Au point que l’on en arrive à se demander comment l’homme d’affaires ne s’est pas rendu compte, avec tout ce qui déferle sur lui depuis tant d’années, qu’il n’est certainement pas objectivement le mieux placé, pour s’en aller discourir sur la République et sur la démocratie.

Depuis plusieurs décennies, Bernard Tapie poursuit inlassablement à travers les médias un show qui lui a pendant longtemps plutôt réussi. Aujourd’hui, avec cette affaire de l’arbitrage, il est arrivé au terme de l’exercice. C’est l’affaire de trop. Sa dialectique, sa faconde et sa gouaille qui l’avaient rendu si populaire, ne passent plus. Ses prestations télévisuelles ne suscitent plus beaucoup d’intérêt et sont de plus en plus contre-productives. Selon un sondage de l’institut BVA réalisé les 29 et 30 mai pour CQFD, 74 % des personnes interrogées ont une mauvaise opinion de Bernard Tapie. 84% ne souhaitent pas qu’il revienne à la vie politique et 79% à la vie politique marseillaise.

Peut-être  serait-il temps, pour l’acteur principal du film de Claude Lelouch « Hommes, femmes, mode d’emploi » de s’interroger sur la question de savoir, si le moment de raccrocher, tant redouté dans le monde du spectacle, ne serait pas venu.

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